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- Lutte ouvrière n°2255
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SNCF -- Saint-Médard-sur-Ille (Ille-et-Vilaine) : Un passage à niveau parmi d'autres...
Après l'accident de Saint-Médard-sur-Ille, c'était bien sûr l'émotion chez les cheminots. Le conducteur et le contrôleur du train étaient indemnes, mais des collègues qui rentraient chez eux après le travail voyageaient dans le train accidenté, et une dizaine ont été blessés.
Même si les causes de l'accident semblent liées à l'attitude du chauffeur du camion, selon les conducteurs de train de Rennes et de Saint-Brieuc, le passage à niveau de Saint-Médard-sur-Ille pose réellement problème.
Il est situé en sortie de courbe de la voie ferrée, sans aucune visibilité. S'il y a un obstacle sur le passage à niveau, il n'y a que quelques secondes pour réagir. Quand il n'y a pas d'arrêt à la gare de Saint-Médard, le train circule à 140 km/h. Le soir de l'accident, le conducteur n'a eu que le temps de freiner à fond et de s'allonger dans le couloir, derrière la cabine de conduite. Le choc a eu lieu immédiatement, à 136 km/h.
Heureusement que le conducteur n'a pas été blessé, car il a pu ainsi prévenir des conséquences bien pires. Il a pu assurer la protection de son train déraillé face aux trains croiseurs qui risquaient d'arriver sur l'autre voie. Au contraire de ce qu'a déclaré Pépy, le président de la SNCF, la ligne Rennes-Saint-Malo n'est pas si « moderne ». Si elle a été électrifiée, elle n'a pas été équipée de la radio sol-train. En cas d'accident important, il est donc impossible de faire arrêter la circulation des trains rapidement. Et après le choc, il n'y a plus qu'à courir le long de l'autre voie pour arrêter les trains... si le conducteur est en état de le faire.
Le lendemain de l'accident, bien des conducteurs avouaient qu'ils avaient peur quand ils franchissaient ce passage à niveau. Déjà certains sifflaient ou ralentissaient la vitesse du train avant de le franchir. Depuis le vendredi 14 octobre, la recommandation relayée par les syndicats de ralentir les trains à environ 30 km/h à cet endroit, en sifflant, reçoit l'assentiment de bien des conducteurs et des contrôleurs.
La direction de la SNCF considère cette attitude comme « illégale ». Elle explique que « tous les passages à niveau sont dangereux » et que, si les trains ralentissaient à chaque fois, ils ne « circuleraient plus ». Mais les usagers de la ligne sont rassurés de voir le train ralentir. Pour les cheminots, c'est une façon de protéger leurs vies et celles des voyageurs, comme de rendre hommage aux victimes et de se sentir solidaires.