Chômage partiel : C'est au patronat de payer !29/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2130.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chômage partiel : C'est au patronat de payer !

En février, aux salariés mis en chômage partiel et perdant des centaines d'euros par mois, Sarkozy promettait qu'à partir du 1er mai l'indemnisation passerait de 60 à 75 % du salaire brut, et que ce surcoût serait « partagé entre entreprises, État et Unedic ».

Face à un patronat qui refuse d'augmenter sa participation et fait le chantage aux licenciements collectifs, le gouvernement craint visiblement la montée des conflits pour réclamer la compensation à 100 % de ce chômage qui devrait frapper 600 000 salariés en 2009. Il prend donc les devants en augmentant la participation de l'État à l'indemnisation.

La mesure des 75 % prend maintenant effet mais, dans la réalité, le surcoût de 15 % sera financé uniquement par l'État et l'Unedic, comme presque l'ensemble des indemnités de chômage partiel. Cette indemnisation est une nouvelle disposition (décret 2009-478 du 29/04/09) qui ne concernera que les travailleurs subissant du chômage partiel reconnu de longue durée sur une période d'au moins trois mois. La condition est que l'employeur signe avec l'État une convention l'engageant à ne pas licencier dans les mois qui suivent, par exemple pendant six mois suite à trois mois d'indemnisation.

Tous les autres chômeurs à temps partiel, qui ne rentrent pas dans ce cadre, restent indemnisés à 60 % de leur salaire brut, avec le smic horaire à 6,84 euros comme minimum. Cela sera le cas pour la plupart des salariés des petites entreprises, où les patrons continueront d'imposer un jour de chômage par-ci, deux jours par-là, sans se soucier de signer une convention avec l'État. Pour ces salariés, les promesses de Sarkozy passent à la trappe, ils continueront de perdre des centaines d'euros par mois quand le chômage partiel les frappera.

Par contre, dans le cas de la nouvelle mesure, la compensation versée aux patrons par les fonds publics augmentera. De 3,8 euros de l'heure, elle pourra être portée à 7,74 euros. Le patronat pourrait n'avoir presque plus rien à débourser, même plus les 3 euros de l'heure qu'il devait ajouter de sa poche pour garantir au moins le smic horaire.

Cette nouvelle disposition de compensation à 75 %, comme celle à 60 %, permet en fait aux employeurs de conserver leur main-d'oeuvre disponible, gratuitement pour eux, et d'alterner les semaines de chômage avec des semaines d'heures supplémentaires, pour assurer une rentabilité maximum de leurs installations.

Cependant, malgré ces nouvelles aides, des branches patronales font encore la fine bouche. L'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) a signé le 7 mai un accord avec des syndicats. Elle y marque son « intérêt » pour ce nouveau dispositif de convention avec l'État, qui indemnisera à 75 % le chômage partiel de ses salariés et réduira le coût du chômage partiel pour l'entreprise. Mais son intérêt ne va pas jusqu'a signer une convention avec l'État pour toutes les entreprises de la métallurgie. Les aides publiques : oui. Mais quant à les conditionner à une interdiction des licenciements, même de quelques mois, l'UIMM dit non.

À côté de ces accords et conventions à géométrie variable, face à des grèves, des entreprises ont dû céder le paiement à 100 %, primes comprises, du chômage partiel qu'elles imposent. Cela doit être le cas pour tous les salariés, dans les grandes comme dans les petites entreprises.

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