Bientôt des policiers dans les écoles ? Darcos abuse de la démagogie sécuritaire29/05/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2130.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bientôt des policiers dans les écoles ? Darcos abuse de la démagogie sécuritaire

Le 19 mai, dans la région de Bordeaux, deux enfants de 6 et 10 ans, suspectés d'un vol de bicyclette, ont été arrêtés à la porte de leur école et ont ensuite été retenus deux heures dans un commissariat. Heureusement pour eux, ils étaient innocents ! Cela pourrait n'être qu'une bavure de policiers trop zélés, si ce n'était révélateur de l'orientation sécuritaire de la politique gouvernementale.

Récemment, Darcos, le ministre de l'Éducation nationale, parlait d'installer des portiques à l'entrée des établissements scolaires pour détecter les armes cachées dans les cartables. Sur un milliard d'entrées et de sorties par an, seuls quelques centaines d'élèves pourraient être tentés de venir parfois avec une arme - ce qui est loin d'être prouvé. La réponse semblait déjà disproportionnée.

Mais Darcos va plus loin dans le délire sécuritaire, puisqu'il propose maintenant de créer une force spéciale de police pour intervenir dans les écoles en cas de problèmes de violence. Selon ses paroles, ces forces mobiles, « placées auprès des recteurs, seraient susceptibles de se rendre dans les établissements rapidement, pouvant constater les délits, confisquer des armes et opérer des fouilles si nécessaire ». Comme il n'y a qu'un rectorat par département, on peut douter de la rapidité de l'intervention. Même si les casseurs qui pénètrent parfois en force dans les écoles ne sont pas des lumières, ils ne sont pas idiots au point d'attendre sagement l'arrivée de cette « force mobile » ! En revanche, l'ensemble des élèves risquent alors de faire les frais de l'intervention policière, soupçonnés a priori d'être complices des voyous.

Voici donc une idée aussi disproportionnée et inefficace que la précédente. Mais l'objectif de Darcos n'est pas de venir en aide aux élèves ou au personnel en butte à des problèmes de violence qui, fort heureusement, restent ultra-minoritaires dans les établissements scolaires, même si les actes d'incivilité se multiplient et sont pénibles à supporter. Darcos sort de sa manche la carte « sécuritaire » pour complaire à un électorat réactionnaire, en tentant de faire admettre que les jeunes, surtout ceux des quartiers populaires, sont des voyous en puissance élevés par des parents incapables.

Cette démagogie sécuritaire vise à masquer la responsabilité du gouvernement dans la dégradation de l'enseignement public, à masquer le fait que nombre de problèmes qui se posent dans l'enseignement proviennent d'un manque de moyens et de personnel pour encadrer et aider les élèves.

Le gouvernement supprime des postes par dizaines de milliers dans l'Éducation nationale. Cela lui coûte moins cher de faire semblant d'agir en affectant quelques centaines de policiers aux rectorats, et en plus cela peut, espère-t-il, lui rapporter gros en nombre de bulletins de vote issus de la fraction de l'électorat sensible à la propagande sécuritaire. Mais ce n'est pas ces policiers qui élèveront le niveau scolaire et culturel de l'ensemble des jeunes, ce qui serait un bien meilleur rempart contre les actes d'incivilité et de violence.

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