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Leur société
Grenoble : Mobilisation contre une expulsion
Mardi 19 mai, la salle du tribunal administratif de Grenoble était comble et dans la rue on entendait les collégiens et les lycéens, venus nombreux avec de multiples banderoles soutenir leurs camarades menacés d'être expulsés du territoire, ainsi que leurs parents.
C'est bien 250 personnes qui s'étaient déplacées pour soutenir la famille Ayari, certains parents du collège ayant pris leur matinée pour pouvoir accompagner leur enfant. « On ne veut pas qu'elle parte, c'est notre amie ! » déclarait aux journalistes Camille, amie de Maroua depuis le CE2. Des lycéens interpellaient les automobilistes pour leur demander un coup de klaxon de protestation, la plupart acceptaient.
Cette manifestation allait durer une bonne heure, le temps que le tribunal examine la situation de cette famille, arrivée en France en 2004 et venue rejoindre des parents installés dans l'agglomération grenobloise, après avoir quitté la Tunisie et séjourné en Sicile quelques années. Les enfants ont immédiatement été scolarisés dans les établissements correspondant à leur âge, tout le monde s'est parfaitement intégré, et aucun des trois enfants ne sait lire ni écrire la langue du pays d'origine des parents.
Après une première demande d'asile refusée en 2007, une seconde a été faite en mai 2008, de nouveau refusée, et une « obligation à quitter le territoire français » a frappé la famille en février dernier. Heureusement, un réseau de soutien s'est constitué, animé par RESF. Equipes pédagogiques, parents d'élèves et élus, sollicités sur les différentes communes où se trouvent les établissements scolaires, se sont impliqués.
Le tribunal donnera sa réponse dans quinze jours. La forte, jeune et dynamique mobilisation est un atout, et elle ne faiblit pas car tous veulent que cette famille puisse rester ici pour y vivre et y travailler normalement.
Et puis, comme le rappelaient des militants associatifs, Sarkozy lui-même n'a-t-il pas déclaré devant le Sénat le 6 juin 2006 : « Lorsqu'un enfant étranger est né en France, ou qu'il est arrivé en très bas âge, qu'il est scolarisé, qu'il ne parle pas la langue de son pays d'origine et qu'il n'a aucun lien avec ce pays, il serait très cruel de l'y reconduire de force. Son départ serait vécu comme une expatriation, un déracinement. » N'était-ce que des paroles ?