Nouvelle loi pénitentiaire : Les oubliettes de la société04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelle loi pénitentiaire : Les oubliettes de la société

Depuis le 3 mars, une nouvelle loi pénitentiaire est en discussion au Parlement. Le gouvernement avait commencé par établir des lois répressives, la peine plancher, la prorogation de peine, et à encourager le durcissement général de la justice pénale. Il s'agissait alors de satisfaire à peu de frais cette partie de son électorat conquise à coups d'arguments sécuritaires. Cela n'a eu évidemment aucun effet sur la sécurité publique, mais les prisons se sont encore un peu plus remplies, rendant les conditions de détention encore plus difficiles.

Ce sont ces dernières que la nouvelle loi veut réglementer et, d'après la ministre, améliorer. Vaste programme. Il y a actuellement 66 980 détenus, dont un quart n'ont pas encore été jugés et sont donc « présumés innocents ». Sur ce total, 12 654 sont en surnombre par rapport aux places effectives. Dans ces conditions de surpopulation, l'accès aux sanitaires, le fait d'avoir une couchette et pas un matelas, la promenade, la possibilité de se soigner, de travailler, d'étudier, sont un luxe souvent inaccessible. Le droit à la cellule individuelle, par exemple, existe depuis 1875. Il a été souvent réaffirmé et toujours remis à plus tard, faute de moyens. La nouvelle loi Dati le promet une fois encore... avec un moratoire de cinq ans.

La vie dans les prisons françaises est telle que 115 détenus ont mis fin à leurs jours l'an passé et que, depuis le début de l'année, on compte déjà vingt-cinq suicides et six « morts suspectes ». Il y a aussi des meurtres, des viols, des vols et toute la litanie des méfaits qui s'exercent sur les plus faibles. Comme à l'extérieur, mais en concentré et sans espoir d'y échapper.

La loi Dati énumère un certain nombre de mesures superficielles. Certaines, comme la réduction du temps maximum passé en quartier de sécurité, amélioreront un peu la vie des détenus. D'autres, comme une plus grande latitude laissée à l'administration pénitentiaire pour l'aménagement des peines, soumettra un peu plus les détenus à l'arbitraire. Mais, dans l'ensemble, rien de fondamental ne changera.

Coupables ou innocents, meurtriers et voleurs de pommes, victimes du hasard et malades, tous sont mélangés dans les mêmes oubliettes où l'État se débarrasse de ce qu'il ne veut ni voir, ni soigner, ni tenter de réinsérer dans une vie sociale normale. Ce sont les faux frais d'une société basée sur l'inégalité et la violence, des frais pour lesquels l'État ne dépensera jamais que le strict nécessaire : les murs et la gamelle.

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