Guadeloupe : Après plus de six semaines de grève générale04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Après plus de six semaines de grève générale

Au moment où nous écrivons, le mot d'ordre de suspension de la grève générale, déclenchée par le LKP en Guadeloupe le 20 janvier dernier, n'a pas été lancé.

Certes, on observe depuis lundi 2 mars un début de reprise de travail dans un certain nombre d'entreprises, surtout les petites de la zone industrielle de Jarry près de Pointe-à-Pitre. Dans un certain nombre d'établissements scolaires, les enseignants reprennent le travail. Le LKP ne s'y oppose pas.

Mais lors du meeting de dimanche 1er mars, Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, a fait voter la poursuite du mouvement par 4 000 mains levées devant le Palais de la Mutualité, à Pointe-à-Pitre, siège central du mouvement. Ce meeting fut en effet impressionnant par le nombre de participants et sa combativité.

Certes, un accord et un protocole de fin de conflit sont en passe d'être signés conjointement par le LKP, l'État et certaines organisations patronales. La non-signature de l'accord à ce jour s'explique par le fait que l'État a tardé à envoyer le protocole d'accord général et, lorsqu'il l'a envoyé, il était bourré d'inexactitudes. Le LKP ne se presse donc pas de signer, même si c'est une question de jours et peut-être d'heures, d'autant que dans de nombreuses entreprises les travailleurs demeurent en grève pour faire plier les patrons du Medef qui ont refusé de signer l'accord partiel sur les 200 euros.

Par exemple, dans le secteur de la grande distribution, les travailleurs des supermarchés Match, Cora, Leader Price, Ecomax, Gifi, secteurs détenus en grande partie par les patrons békés, sont en grève pour l'application des 200 euros.

Dans les lycées, si les enseignants reprennent peu à peu le travail, le personnel ouvrier et les agents techniques demeurent toujours en grève ainsi que les « contrats aidés ». Ils perturbent ainsi fortement ce début de rentrée scolaire faite sous la pression du recteur, du préfet, et de certains professeurs.

Les travailleurs du port demeurent en grève, ceux de France-Télécom sont en grève toujours à 50 % et cela en dépit du fait qu'ils ne sont pas concernés directement par les 200 euros.

80 % des travailleurs des municipalités sont en grève. De même les petits transporteurs en commun. Aucun transport en commun ne roule dans l'île car, si on est proche d'un accord les concernant, les négociations se poursuivent encore dans ce secteur.

Les employés de la Sécurité sociale, de la CAF sont toujours en grève ainsi que bien d'autres secteurs publics ou parapublics. Les employés de l'ANPE devenue « Pôle emploi » sont en grève à 100 %.

Les ouvriers de l'usine à sucre de Gardel au Moule demeurent aussi en grève ainsi que ceux de la CTM ( centrale thermique du Moule). Ceux de Gardel menacent de retarder l'ouverture de la récolte sucrière tant qu'ils n'obtiendront pas les 200 euros.

Les travailleurs des magasins Carrefour en grève

Les employés des deux Carrefour, celui de Baie-Mahault (Destréland) et celui des Abymes (Milenis) sont entrés en grève le mardi 3 mars au matin. Ces deux immenses centres commerciaux deviennent la cible symbolique des manifestants grévistes, car ils appartiennent au groupe Bernard Hayot, l'un des békés les plus riches des Antilles et l'un des patrons les plus influents du Medef.

Depuis plusieurs jours les grévistes des autres secteurs venaient défiler devant ces magasins et des meetings quotidiens se tenaient, face aux gendarmes. Les magasins fermaient leurs portes. Lundi 2 mars, une trentaine de femmes grévistes d'autres secteurs de la CGTG ont bloqué les camions de livraisons. Il y eut quelques échauffourées avec les gendarmes. Les travailleurs à l'intérieur sont sortis et les ont soutenues. Le lendemain, ils entraient en grève.

À Baie-Mahault, le mardi 3, un millier de grévistes ont tenu un meeting devant les grilles de Carrefour. Les employés sont sortis. Une délégation est allée voir le directeur, De Reynal, pour lui demander quelles étaient ses intentions concernant les 200 euros. Il a opposé un non catégorique, ferme et méprisant. Mal lui en prit. Le lendemain tous les employés étaient en grève avec le soutien du LKP. Ils ont maintenu leur piquet de grève toute la journée et ont fait la jonction avec l'équipe de l'après-midi qui elle aussi s'est jointe à la grève.

Les grévistes des autres magasins sont venus les soutenir tout au long de la journée. Il y eut de légères échauffourées avec les gendarmes qui menaçaient de charger.

Les travailleurs des Carrefour ont déclaré qu'ils resteraient en grève jusqu'à l'obtention des 200 euros, d'autant que « ceux de Martinique qui ont démarré la grève après nous ont obtenu la signature du Medef-Martinique là-dessus » disaient-ils. Signalons que la grève est partie sans aucun mot d'ordre syndical. C'est la base qui a décidé le matin de ne pas rentrer. Lorsque les délégués syndicaux arrivaient, ils étaient mis devant le fait accompli. L'intersyndicale de l'entreprise, FO, UGTG, CGTG et membres du LKP, a suivi et a encouragé ensuite les travailleurs à maintenir leur grève « jusqu'au bout ».

Du coup cette grève des employés de Carrefour relance en partie le mouvement. Et même en cas de suspension officielle de la grève générale, ces travailleurs et bien d'autres resteront en grève.

Manifestation des grévistes autour de Pointe-à-Pitre

Depuis la dernière semaine de février, la « grève marchante » est à l'ordre du jour. Tous les jours un bon millier de grévistes sillonne les rues et va tenir meeting devant les entreprises du Medef. À leur approche les entreprises ferment. Certains travailleurs de ces entreprises rejoignent la grève. D'autres non.

Lundi 2 mars ces travailleurs, après être passés à Carrefour et à Jardiland, magasin appartenant à Barbotteau, un autre gros béké, ont sillonné toute la zone de Jarry en bloquant la circulation. Ils se sont dispersés vers 15 heures et sont allés ensuite devant la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre pour soutenir la délégation du LKP en négociation sur la baisse des prix de la grande distribution.

Manifestations à Basse-Terre

Dans l'autre partie de l'île, les manifestations ont été constantes pour soutenir la délégation du LKP en négociation sur les prix de l'eau et du transport ainsi que sur la situation des transporteurs.

Il faut savoir que depuis le 20 janvier des dizaines de transports en commun sont alignés devant le Conseil général avec les transporteurs qui campent pratiquement devant l'entrée.

Mardi 3 mars dans la soirée, une manifestation s'est tenue au son du « gro ka » devant la préfecture, où la délégation du LKP et les représentants de l'État et du patronat se rencontraient pour parfaire le protocole d'accord de fin de conflit, non encore signé pour autant par le LKP.

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