Pfizer - Pocé-sur-Cisse (Indre-et-Loire) : Grève pour les salaires sur fond de ras-le-bol04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pfizer - Pocé-sur-Cisse (Indre-et-Loire) : Grève pour les salaires sur fond de ras-le-bol

Mardi 3 mars, on en était au sixième jour de grève pour les salaires à l'usine de production de médicaments Pfizer de Pocé-sur-Cisse, près d'Amboise. La revendication des grévistes porte sur une augmentation de 3 % des salaires de base, plus 60 euros pour l'ensemble des ouvriers et techniciens (qui représentent l'essentiel des grévistes), soit un minimum d'environ 110 euros pour les plus bas salaires.

Numéro un mondial dans sa branche, Pfizer a eu longtemps dans la région la réputation de payer des salaires supérieurs à la moyenne et d'offrir des emplois qualifiés relativement garantis, dans ce secteur très profitable qu'est l'industrie pharmaceutique. Mais ces dernières années, les conditions se sont bien dégradées.

Comme tous les grands groupes, Pfizer s'est engagé à l'échelle mondiale dans un vaste Monopoly, privilégiant le rachat de concurrents aux investissements dans la recherche ou la production. Cela s'est bien sûr accompagné de suppressions d'emplois et de fermetures d'établissements. À Pocé, la fermeture du centre de recherche a été annoncée début 2008, entraînant la perte de 149 emplois hautement qualifiés. À la production, les intérimaires ont été renvoyés tandis que les emplois en CDI étaient continuellement réduits. Et puis, bien sûr, tout cela s'est accompagné d'une pression à la baisse sur les salaires et les « avantages maison », et d'une pression à la hausse sur les travailleurs de la part de l'encadrement.

Indice de la montée du mécontentement, les débrayages chez Pfizer ont été un succès lors de la journée nationale d'action organisée le 29 janvier par les syndicats, et plusieurs dizaines de salariés ont fait le déplacement jusqu'à Tours pour participer à la manifestation. Les jours suivants, les discussions allaient bon train, et l'idée de ne pas se contenter des 1,9 % d'augmentation des salaires accordés par la direction faisait son chemin, accompagnée du rejet des brimades diverses, comme cette « punition » privant d'augmentation les travailleurs jugés « contre-performants » par la direction.

Des débrayages ont eu lieu dans la deuxième quinzaine de février, puis dans la nuit du 25 au 26 février, à l'appel de la CGT, rejointe par FO et la CFDT. En débrayage à 5 heures, l'équipe de nuit décida d'attendre l'embauche de l'équipe du matin, puis de la normale. À 8 heures, 200 des 250 travailleurs de production (sur un effectif total de 580) votèrent la grève et se retrouvèrent en piquet de grève à la porte de l'entreprise.

Interrogée le jour même par les journalistes, la responsable du site a exprimé le vif dépit que lui inspire, selon elle, « l'ingratitude » des grévistes : « Je mets toute mon énergie pour défendre les couleurs de ce site. On a un bel outil pour lancer de nouveaux produits. Et voilà... » ! Elle comprend d'autant moins que, selon ses propos, « le processus de négociations salariales a été respecté, avec trois réunions contre deux en 2008 ». Comme si les travailleurs se nourrissaient de négociations !

Privée en tout cas de travailleurs pour faire marcher le « bel outil », la même responsable convoqua les délégués syndicaux dans la journée du 27 février. Mais c'était uniquement pour leur infliger une leçon de morale, tandis qu'elle opposait un refus hautain aux revendications. Lundi 2 mars, la grève tenait donc toujours bon et fut reconduite jusqu'à l'assemblée générale de mardi matin 3 mars.

Donnant rendez-vous aux délégués pour le vendredi 6 mars seulement, la directrice est paraît-il partie voir ses patrons aux États-Unis. Si elle espérait que d'ici là le découragement gagne les grévistes, c'est raté. L'assemblée de mardi matin a en effet voté la poursuite de la grève... jusqu'au vendredi !

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