Les sociétés privées de l'eau, concurrentes ou alliées : De toute façon, les consommateurs paient la facture04/03/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/03/une2118.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les sociétés privées de l'eau, concurrentes ou alliées : De toute façon, les consommateurs paient la facture

Par le biais de filiales communes, Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) et Veolia (ex-Générale des Eaux) gèrent ensemble la distribution de l'eau ou l'assainissement des eaux usées dans une dizaine de grandes agglomérations dont Marseille, Lille, Saint-Étienne, Nancy et Versailles, ainsi qu'en Guyane et dans une vingtaine de communes de la Martinique. Au total, le marché est important puisqu'il couvre près de trois millions d'habitants.

Cette situation avait conduit le Conseil de la concurrence à condamner en 2002 ces sociétés pour « abus de position dominante collective ». Cinq ans plus tard, le ministère des Finances avait fait savoir aux deux groupes qu'il était temps de mettre fin à leurs filiales communes. En décembre dernier, selon le quotidien Les Échos, les deux sociétés auraient, à la suite de tractations restées secrètes, trouvé un accord pour un nouveau partage avant la fin 2009 : Suez récupérerait entièrement Lille et Versailles, tandis que Marseille, Arles, Nancy et Saint-Étienne entreraient en totalité dans l'escarcelle de Veolia. Le nouveau partage pour la Martinique et pour la Guyane n'est pas connu.

Ainsi, en prenant tout leur temps, les sociétés de l'eau vont peut-être répondre aux injonctions des autorités chargées de surveiller la concurrence. Pour le bénéfice des usagers ? Rien n'est moins sûr, sauf si les municipalités, les associations d'usagers et la population donnaient de la voix.

Le problème n'est pas que la concurrence serait faussée, comme on voudrait nous le faire croire. Une lutte pour le partage du marché de l'eau existe bel et bien entre Suez et Veolia. Par exemple, en Ile-de-France, Suez marque un point en récupérant Versailles et ses environs, sans être obligée de partager les bénéfices avec Veolia comme c'est le cas jusqu'à présent. En sens inverse, Suez voudrait un découpage en lots du contrat existant avec 144 autres communes d'Ile-de-France, pour le moment au bénéficie exclusif de Veolia, mais qui se termine fin 2010.

Tout en étant concurrents, Suez et Veolia nouent à l'occasion des ententes pour se partager les marchés aux dépens des usagers, en toute opacité. Et du côté de l'État, il n'est pas même pas question de leur demander des comptes qui seraient transparents pour les consommateurs et les Conseils municipaux.

Concurrentes, rivales ou alliées, les deux compagnies agissent à leur profit, contre les intérêts des consommateurs.

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