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- Lutte ouvrière n°2118
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Leur société
100 milliards de déficit budgétaire, Fillon et le gouvernement continuent à creuser...
En six mois, ces prévisions de déficit ont doublé, passant de 50 à 100 milliards, sans que ceux qu'on voyait lever les bras au ciel devant « l'abyssal trou de la Sécu » fassent mine cette fois de s'indigner. Le trou dont ils nous parlent est pourtant dix fois plus profond, et il risque fort de s'approfondir d'ici la fin de 2009. Sans non plus qu'on nous resserve les discours destinés à culpabiliser l'opinion, sur l'immoralité qu'il y aurait à « laisser cette dette à nos enfants ».
C'est que, nous dit-on, il faut de toute urgence sauver l'économie du naufrage. Le temps ne serait plus à discuter de la responsabilité de ceux qui ont ouvert les brèches dans la coque du navire. Pourtant, curieux sauvetage, qui se traduit par une augmentation du chiffre des chômeurs de 90 000 rien qu'en janvier 2009 et qui, selon les prévisions gouvernementales - donc optimistes -, devrait aboutir à 300 000 pour l'année 2009. Des chiffres qui laissent prévoir que, le pouvoir d'achat de la majorité de la population laborieuse diminuant, la crise s'aggravera.
En fait, le sauvetage dont parle le gouvernement se limite à porter secours aux seuls passagers de première classe, aux patrons, à commencer par les plus gros d'entre eux, banquiers et industriels. Il ne faut pas chercher plus loin les causes de l'accroissement rapide du déficit. Les milliards qui manquent à l'équilibre budgétaire sont ceux que, sans compter et sans conditions, le gouvernement a distribué ces derniers mois aux institutions financières, aux constructeurs automobiles, etc., à qui on a laissé l'entière liberté de faire ce qu'ils voulaient de cet argent.
Pour ceux qui en douteraient encore, Fillon l'a répété, « le rôle de l'État, ce n'est pas de gérer l'entreprise à la place des entreprises ». En effet le rôle de l'État, tel que l'entendent Fillon et son gouvernement, c'est de distribuer les milliards aux capitalistes, mais sans avoir l'outrecuidance d'exiger qu'ils rendent des comptes, ni même leur imposer la moindre contrepartie en retour des sommes avancées ou le plus souvent données. Cela n'empêche pas le gouvernement de décider, par exemple, de reculer l'âge de la retraite, d'assouplir les lois qui autorisent le patronat à licencier, en un mot de modifier la législation du travail dans un sens à chaque fois favorable aux exploiteurs.
En définitive, tout ce qu'on peut retenir des propos de Fillon, c'est que ni lui, ni son gouvernement, pas plus que les capitalistes, ne maîtrisent la situation. Ils naviguent à vue, comme ils l'ont toujours fait. Sauf qu'aujourd'hui, ils sont pris dans une crise dont ils sont responsables, mais qu'ils espèrent faire payer aux travailleurs et à la population laborieuse. Il faudrait pour cela que ces derniers acceptent sans broncher. C'est loin d'être fait.
Fillon a déclaré que ni lui ni personne n'avait idée du calendrier des crises. C'est vrai. Mais il a encore moins idée du calendrier des réactions du monde du travail. Le 19 mars prochain, venant après le 29 janvier, peut être une date dont lui et les siens se souviendront, car elle peut et elle doit être une étape vers une riposte d'ensemble.