Un système qu'il faudra bien remplacer un jour20/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2090.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Un système qu'il faudra bien remplacer un jour

Sarkozy prétendait qu'il serait le président du pouvoir d'achat. Mais les prix grimpent sans cesse, l'inflation bat des records avec un taux de 3,6 %, bien supérieur aux chiches augmentations de salaires. Il affirmait qu'il irait chercher la croissance " avec les dents " ! Mais le " produit intérieur brut ", qui mesure officiellement celle-ci, est en recul de 0,3 % pour le second trimestre. Il assurait que sa politique ramènerait le plein emploi, mais 45 200 postes de travail ont disparu au cours de ce même trimestre, ce qui veut dire que le nombre de chômeurs est reparti à la hausse. Tout cela va se traduire par la dégradation accélérée du niveau de vie des salariés.

Devant ces chiffres, le Premier ministre Fillon a réuni d'urgence les ministres chargés des affaires économiques. Mais tous les observateurs disent qu'il s'agit d'une simple opération de " communication ", pour se donner l'air de faire quelque chose, car visiblement le gouvernement n'a aucune intention de modifier sa politique antiouvrière, si ce n'est en l'empirant.

Dans le Journal du Dimanche du 17 août, un conseiller de Sarkozy expliquait cyniquement que face aux difficultés le gouvernement devait abandonner le thème du pouvoir d'achat, mais maintenir le cap sur les réformes. Mais celles-ci sont toutes destinées à diminuer les droits des travailleurs pour offrir au patronat une main-d'oeuvre plus " flexible ", en développant la précarité, c'est-à-dire les bas salaires.

Bien évidemment, ce n'est pas en rognant le pouvoir d'achat des travailleurs que le gouvernement résoudra la crise : la baisse des revenus des classes laborieuses, en diminuant la consommation, ne peut au contraire que contribuer à aggraver la récession. Mais la préoccupation principale du gouvernement n'est pas d'essayer de sortir de la crise qui s'annonce, mais de permettre au patronat de maintenir ses profits.

Le fait que cette crise touche tous les pays européens, que la situation n'est guère meilleure aux États-Unis, n'est ni une consolation, ni le signe qu'il s'agirait d'une fatalité, exonérant nos gouvernants de toute responsabilité. C'est le signe que ce qui est en cause, c'est le système capitaliste dont ils se font les ardents défenseurs.

Cette crise qui risque de jeter des milliards d'êtres humains dans la misère n'est pas due à un manque d'argent, bien au contraire pourrait-on dire. Les grandes sociétés capitalistes ont engrangé au cours des dernières décennies des profits colossaux, elles se trouvent à la tête d'une masse énorme de capitaux qu'elles cherchent à placer de la manière la plus rentable possible. Et comme ce ne sont pas les investissements dans la production qui leur paraissent les plus attrayants, elles spéculent sur tout ce qui leur paraît offrir des profits rapides, l'immobilier un jour, le pétrole le lendemain, les matières premières ensuite, en ne tenant aucun compte des conséquences sociales de ce jeu de Monopoly planétaire.

C'est cela le système capitaliste, un système dont la droite nous dit qu'il est le meilleur et le seul possible, et que les partis de gauche acceptent, en se proposant tout juste, dans le meilleur des cas, d'en limiter les " excès ", comme si on pouvait transformer un tigre en mouton en lui limant un peu les griffes.

Face à cette société basée sur la recherche du profit individuel, c'est-à-dire sur l'égoïsme, les fondateurs du mouvement ouvrier et socialiste opposaient le projet d'une économie régie par les producteurs, et qui se donnerait pour but de satisfaire les besoins de toute l'humanité. C'était le programme du Parti Socialiste dans sa jeunesse, du Parti Communiste dans ses premières années. Les dirigeants de ces partis y ont renoncé pour s'intégrer au système qu'ils prétendaient combattre, mais ce programme n'a rien perdu de son actualité malgré les renégats.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 18 août

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