L'eau : Un problème pour des milliards d'hommes20/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2090.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'eau : Un problème pour des milliards d'hommes

Aujourd'hui encore, au 21e siècle, 20 % de la population mondiale (dans 30 pays) sont confrontés à une pénurie d'eau, ou en tout cas d'eau répondant aux normes sanitaires indispensables.

En effet, 2,5 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas de sanitaires, ce qui implique que les excréments humains ne sont ni collectés, ni traités. Les bactéries, les virus et les parasites qu'ils contiennent se dispersent donc dans le sol et dans l'eau qu'ils contaminent. Cette contamination engendre des maladies telles que les diarrhées, la pneumonie, le choléra... et provoque la mort de 5 000 enfants chaque jour. L'absence de sanitaires a aussi des conséquences sur l'éducation puisque, durant leurs règles, les jeunes filles ne viennent plus en cours dans les écoles sans toilettes.

Pourtant, l'institut international de l'eau de Stockholm estime qu'il suffirait de 10 milliards de dollars par an pour que l'ensemble de la population mondiale ait accès à un système d'assainissement adéquat d'ici 2025. Les experts font remarquer, à juste titre, que cette somme ne représente que 1 % des dépenses mondiales d'armement.

Effectivement, cette situation inadmissible est de la responsabilité des États qui n'utilisent pas l'argent public pour leur population, mais ce n'est pas seulement un problème de corruption, de défaillance ou de malhonnêteté des politiques ; dans le système capitaliste, même le traitement des excréments, le traitement des eaux usées doivent rapporter du profit.

On a pu voir en France ces dernières années comment la privatisation de la gestion de l'eau a entraîné des hausses importantes de son prix. Selon les analystes économiques, " l'environnement est un secteur porteur en Bourse ", un secteur porteur qui attire les investisseurs. Suez environnement et Veolia, qui traitent l'eau et les déchets en France, sont en fait aussi les deux leaders mondiaux de ce secteur.

Ces deux sociétés gèrent en commun la distribution et l'assainissement de l'eau de Constantine en Algérie, par exemple, une ville de 1,2 million d'habitants. Lydec, une filiale de Suez, a un contrat de 30 ans pour l'eau, l'assainissement et l'électricité de Casablanca au Maroc. Veolia Water India s'est associée avec une filiale de Tata pour répondre aux appels d'offres de villes comme Delhi ou Bangalore en Inde.

Les marchés du Tiers-Monde ne sont d'ailleurs pas les moins rentables. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime que les habitants des quartiers pauvres de Djakarta, de Manille et de Nairobi paient leur eau 5 à 10 fois plus cher que ceux qui vivent dans les quartiers riches, plus cher même que les consommateurs de New York et de Londres. Le PNUD cherche d'ailleurs à attirer les entreprises dans les pays pauvres en leur expliquant que les investissements peuvent y être rentables.

Ainsi, un bien aussi naturel et élémentaire que l'eau est vendu au prix fort aux uns, pendant que pour des milliards d'autres il devient toujours plus difficile d'en disposer. Qu'importe, du moment que cela rapporte à quelques trusts !

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