Logement : Le logement social toujours en panne.09/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2084.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Le logement social toujours en panne.

La ministre du Logement, Christine Boutin, a rendu public un bilan de l'application de la loi Solidarité et renouvellement urbains, dite loi SRU, sur la période allant de 2005 à 2007. Elle constate que 45 % des villes concernées ne remplissent pas leurs obligations.

Promulguée il y a huit ans, cette loi est censée obliger les communes qui n'atteignent pas un minimum de 20 % de logements sociaux à rattraper leur retard, mais sur vingt ans, c'est-à-dire d'ici à 2020.

Entre 2005 et 2007, 400 de ces communes ont, selon la ministre, financé ou construit quelque 93 000 logements. Ce chiffre est modeste, d'autant plus que la moitié de ces logements sont financés mais pas encore construits. De plus, parmi les autres, le ministre comptabilise des achats faits par les sociétés HLM de logements déjà existants. C'est dire que le nombre de nouveaux logements réellement construits est dérisoire par rapport aux besoins.

Par ailleurs, 330 communes soumises à la loi SRU (communes d'au moins 3 500 habitants, et d'au moins 1 500 pour l'Île-de-France) n'ont pas rempli leurs obligations. Parmi elles, Neuilly-sur-Seine, qui ne compte toujours que 3,2 % de logements sociaux et qui n'a réalisé que la moitié de ce qu'elle devait construire ; Le Raincy, administré par Éric Raoult, une figure de l'UMP, qui n'en compte que 4,3 %. Ce sont pour beaucoup des villes résidentielles, souvent gérées par la droite, qui se distinguent par ce non-respect des dispositions légales. En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, ce sont même 80 % des municipalités qui affichent des scores inférieurs aux objectifs.

La loi SRU prévoit des amendes pour les villes en infraction - 150 villes ont été sanctionnées - mais ces sanctions ne sont, pour elles, que des piqûres de moustique. Elles sont suffisamment riches pour préférer payer une amende (modique mais qu'elles ne payent même pas toujours) plutôt que de risquer d'accueillir des " pauvres " sur leur territoire, sous prétexte que cela se traduirait par une dépréciation de la valeur des immeubles et villas. En revanche, une disposition légale donnant aux préfets le pouvoir de se substituer aux maires récalcitrants et d'engager, sans leur accord, la construction de logements sociaux, n'a jamais été appliquée.

Comme on peut le constater, la loi SRU, qui avait pour objectif de répartir les efforts sur l'ensemble des communes pour pallier l'insuffisance du logement des classes populaires, a laissé la situation en l'état. La construction de logements sociaux reste à la charge des collectivités locales, alors qu'elle devrait incomber à l'État. C'est lui qui dispose des moyens financiers et législatifs qui permettraient de résoudre, en quelques années, la question du logement.

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