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- Lutte ouvrière n°2084
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Editorial
C'est par la lutte qu'il faudra répondre aux provocations du gouvernement.
Le 30 juin, à France 3, Sarkozy avait déjà montré le mépris dans lequel il tenait les salariés de la chaîne qui avaient osé manifester à son arrivée, en proférant un " Ça va changer " lourd de menaces. Une semaine plus tard, lors du Conseil national de l'UMP, il a fanfaronné en prétendant que " désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit ". La phrase était évidemment destinée à caresser tous ces politiciens réactionnaires dans le sens du poil. Mais elle a par la même occasion suscité des remarques indignées des dirigeants des grandes confédérations syndicales : ils ont beau ne critiquer que sur la manière les mesures prises par le gouvernement contre les droits des travailleurs concernant les retraites et la sécurité sociale ; ils ont beau signer avec le patronat des accords qui sont autant de reculs ; ils ont beau ne rien faire pour préparer la riposte du monde du travail qu'impose la situation, Sarkozy les traite avec la plus parfaite désinvolture.
La direction de la CGT a trouvé que le président de la République " joue avec le feu ", le secrétaire général de FO qu'il avait eu " un mot de trop ", celui de la CFDT qu'il avait " une vision archaïque du syndicalisme ". Quant au président de la CFTC, il estime les propos de Sarkozy " très regrettables et de nature à attiser les conflits, au moment où les syndicats font preuve d'une attitude responsable pour les éviter et développer le dialogue social ". Bref, tous sont unanimes pour donner des conseils au gouvernement sur la meilleure manière de maintenir ce qu'ils appellent la " paix sociale ", ce qui - dans une société où le patronat n'accorde aux travailleurs rien qui ne lui soit imposé - est synonyme de résignation.
Si les dirigeants confédéraux se sentent bafoués, après avoir fait preuve de tant de complaisance vis-à-vis du patronat et du gouvernement, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Mais pour le monde du travail, ce ne sont pas les rodomontades du président de la République, si méprisantes qu'elles soient, qui sont le plus important. C'est le fond même de la politique qu'il mène, au service du grand patronat, et qui poursuit, en l'aggravant, celle de ses prédécesseurs.
Ce n'est pas une campagne de publicité à la télévision qui les convaincra que le gouvernement défend leur pouvoir d'achat, alors qu'ils peuvent constater tous les jours en faisant leurs courses que tout augmente. La spéculation des possesseurs de capitaux sur le pétrole, sur toutes les matières premières, est la cause principale de cette flambée des prix. Non seulement le gouvernement ne fait rien pour l'empêcher, mais il prêche la modération salariale, n'augmentant le smic, les pensions et retraites que de manière ridiculement faible au regard de l'inflation réelle.
Au fur et à mesure que le gouvernement s'attaque à tout ce qui pouvait être favorable aux travailleurs dans la loi sur les 35 heures, le " travailler plus pour gagner plus " de la campagne présidentielle devient ouvertement : travailler plus pour gagner moins.
La seule préoccupation du gouvernement, c'est de rogner sur le budget nécessaire au fonctionnement des services publics, pour pouvoir faire des cadeaux aux capitalistes. Il ferme des hôpitaux, des classes ou des écoles, des bureaux de poste, des lignes de chemin de fer, mais il multiplie à chaque occasion les diminutions de cotisations sociales dont bénéficie le patronat.
Les travailleurs ont toutes les raisons d'être mécontents. Et ils le sont. Ce mécontentement, ils l'expriment dans de multiples conflits du travail, qui restent malheureusement éparpillés. Si Sarkozy ne les voit pas, c'est qu'il est myope. Mais qu'il continue donc à proférer des " mots de trop ". Car le mépris des travailleurs qu'il affiche pourrait bien finir par provoquer une explosion sociale qu'il ne pourra pas ignorer, une explosion sociale qui contraindrait aussi les directions syndicales à aller plus loin qu'elles ne veulent.
Profitons donc des congés d'été pour nous préparer à cette perspective.
Arlette LAGUILLER.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 7 juillet.