Goodyear (Amiens) : Les ouvriers en lutte contre le chantage patronal.09/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2084.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Goodyear (Amiens) : Les ouvriers en lutte contre le chantage patronal.

Vendredi 4 juillet, les ouvriers de l'usine Goodyear d'Amiens (près de 1 500 salariés) se sont mis une nouvelle fois massivement en grève pour s'opposer à la dernière manoeuvre de la direction de cette multinationale, qui voudrait leur imposer l'aggravation des conditions de travail et des centaines de suppressions d'emplois. Devant la détermination des ouvriers, avec à leurs côtés les syndicats CGT, Sud et aussi FO, la direction a assigné les grévistes au tribunal et a posé un énième ultimatum, demandant aux syndicats de signer l'accord, contre lequel les ouvriers se sont révoltés depuis un an.

Ce qui a remis le feu aux poudres, c'est l'annonce de la signature par le syndicat des cadres, la CGC, de l'accord voulu par la direction.

Depuis un an les ouvriers se battent contre le plan de ce géant mondial du pneumatique qui vise à faire baisser de 25 % ses coûts salariaux sur les deux usines du groupe Goodyear-Dunlop à Amiens. En échange de l'engagement d'investir quelques dizaines de millions d'euros et de la promesse de ne pas fermer avant cinq ans, la direction propose de passer tous les ouvriers de production en 4x8, ce qui permettrait, annonçait fièrement la direction, de procéder sur trois ans à 450 à 500 suppressions d'emplois sur les deux usines d'Amiens. Il s'en suivrait une grave détérioration des conditions de vie avec le travail en continu y compris le dimanche. Et enfin un allongement très important des heures de travail pour les centaines d'ouvriers en VSD, qui font 28 heures le seul week-end. En résumé cela voudrait dire travailler plus, plus dur, pour le même salaire, avec des licenciements à la clé, grâce aux sacrifices consentis.

Il y a juste un an, les ouvriers de VSD de l'usine Goodyear lançaient une grève spontanée à quelques jours du départ en vacances, lassés des discussions interminables syndicats-direction autour de ce plan. La CGT Goodyear suivie par Sud prenait en charge cette lutte. À l'automne la direction voulut passer en force, les ouvriers bloquèrent l'usine, en chassant la direction. Apeurée, celle-ci fit provisoirement machine arrière.

La consultation officielle de tout le personnel fut alors organisée sur une question claire, avec l'accord de la CGT Goodyear, sur les deux usines : 64 % du personnel, dont l'immense partie des ouvriers postés, repoussèrent la proposition de la direction.

Mais, quelques mois plus tard, celle-ci revint à la charge en annonçant des licenciements " immédiats " en cas de non-signature. Manifestations et rassemblements se multiplièrent.

Enfin, en juin, la direction organisait sur Goodyear un nouveau vote, que la CGT et Sud appelèrent à boycotter et qui malgré toutes les pressions ne recueillit que 28 % de participation chez les ouvriers postés. Et la réaction immédiate et puissante du 4 juillet montrait la détermination farouche des ouvriers de ne pas plier.

Il est certain que la combativité des ouvriers postés a été largement encouragée par la détermination parallèle du syndicat ouvrier CGT-Goodyear, très largement majoritaire. La direction a entrepris d'ailleurs des procédures disciplinaires et pénales contre ses dirigeants et en tout premier son secrétaire général. L'attitude combative du syndicat a bien entendu renforcé le moral des travailleurs. Elle tranche malheureusement singulièrement avec celle faite de soumission des dirigeants confédéraux de la CGT, Thibault en tête, qui eux viennent, avec la CFDT, de signer un accord sur le temps de travail qui donne justement tout loisir aux patrons de s'asseoir sur les lois et les conventions collectives, censées protéger les travailleurs.

La seule chose que l'on peut souhaiter pour les travailleurs de Goodyear-Dunlop, mais aussi bien au-delà d'Amiens, c'est que les ouvriers arrivent à mettre en échec le plan de la direction Goodyear.

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