TVA réduite dans la restauration : Un nouveau cadeau aux patrons.09/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2084.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

TVA réduite dans la restauration : Un nouveau cadeau aux patrons.

La commission chargée de la fiscalité européenne a accepté de présenter un projet de TVA à taux réduit dans la restauration traditionnelle, qui passerait en France de 19,6 % à 5,5 %. À condition qu'un accord soit trouvé entre tous les pays membres de l'Union européenne, alors que jusque-là le Danemark et l'Allemagne refusaient.

En France, cela fait une dizaine d'années que les patrons de cette branche font pression sur les gouvernements pour obtenir cette TVA réduite, dont bénéficient déjà la restauration rapide et la restauration collective. Au cas où elle obtiendrait gain de cause, la profession avait promis de répartir équitablement le produit de cette baisse, autour de 3 milliards d'euros par an, entre les salaires des employés, les prix facturés aux consommateurs et le profit des restaurateurs.

Mais, concernant les prix, certains représentants des patrons ont déjà annoncé que " cela permettrait d'abord de ne pas augmenter, dans une période de hausse des matières premières ". Autrement dit, les additions ne seront pas moins élevées. Quant aux augmentations de salaire, il y a tout lieu d'en douter. En 2004, pour les consoler d'un premier échec des négociations au niveau européen, Raffarin et Sarkozy, respectivement le chef du gouvernement de l'époque et le ministre des Finances, avaient fait cadeau aux patrons de la filière d'allégements de cotisations sociales pour un montant global de 1,5 milliard d'euros. En contrepartie, ils avaient promis d'embaucher et d'améliorer les salaires. Pourtant, un an après, on pouvait constater que les grilles de salaires restaient inchangées depuis 1997, et que 80 % des salariés étaient toujours payés au smic. En 2006, dans le cadre du Plan de développement et de modernisation du secteur des hôtels, cafés et restaurants, le gouvernement revalorisa les subventions qui leur étaient accordées, faisant passer la baisse de cotisation de 114 à 180 euros par mois et par salarié dans le secteur de la restauration traditionnelle et de 57 à 90 euros dans celui des hôtels-restaurants et des cafés-tabacs. Là encore, les patrons du secteur, notamment ceux regroupés par l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), promirent des créations d'emplois et une revalorisation des salaires. Des promesses qui, une nouvelle fois, restèrent sans lendemain.

Aujourd'hui Sarkozy, mettant en avant la présidence française de l'Union européenne, se fait fort d'obtenir gain de cause pour ses amis restaurateurs. Ainsi, lui qui n'a de cesse de répéter que les caisses de l'État sont vides pour mettre les fonctionnaires ou les hôpitaux au régime sec, serait prêt, avec cette baisse de la TVA, à priver le budget de 3 milliards d'euros de recettes par an ! Cela n'améliorerait ni le pouvoir d'achat des consommateurs, ni celui des salariés. Par contre on peut être sûr que ces 3 milliards iraient, comme tous ceux qui les ont précédés, directement dans les poches des patrons, et en particulier des plus gros qui dominent largement ce secteur.

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