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- Lutte ouvrière n°2074
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Leur société
Retraites : Les fausses justifications du gouvernement.
Les partisans de l'allongement du temps de cotisation et du fait de retarder l'âge de départ à la retraite invoquent « l'accroissement continu de l'espérance de vie ». Mais tout d'abord le « formidable » allongement de l'espérance de vie dont on nous parle est tout à fait relatif et totalement inégalitaire. Ainsi les chiffres du Comité d'orientation des retraites, le COR, organisme officiel et progouvernemental, font apparaître dans son dernier rapport d'avril 2008 qu'entre 1930 et 2008 l'espérance de vie après 60 ans n'a augmenté somme toute que de 9 ans... donc en 78 ans.
Quant à l'avenir, il serait prévu une augmentation de 1,1 an... tous les dix ans, sans prendre en compte les dégradations de la prise en charge de la santé, et surtout de l'allongement de la durée du travail. Car si l'espérance de vie a augmenté pour les salariés qui s'usaient le plus à la tâche, c'est en partie dû justement à la diminution de la durée du travail, en heures hebdomadaires et au total pour toute la carrière. Cinq ans de moins sur la chaîne, au marteau-piqueur ou devant les fours, c'est dix ans de durée de vie supplémentaire.
Et puis il s'agit d'une moyenne qui mélange des situations qui n'ont rien à voir. Comment comparer les conditions de travail et de vie d'une ouvrière soumise à des cadences infernales, à des conditions de travail déplorables, dont toutes les articulations sont usées avant qu'elle atteigne les 50 ans avec celles d'un cadre supérieur, dont les principaux risques professionnels seront ceux des repas d'affaires ?
Pour justifier les sacrifices attendus, en particulier les 41 ans de cotisations, le gouvernement et d'autres rabâchent leurs litanies sur les déficits « formidables » de l'assurance vieillesse, la CNAV, et sur l'impossibilité de financer autrement le système.
« Déficit formidable » ? De qui se moque-t-on ? En 2006 il était de 1,9 milliard d'euros, en 2007 probablement de 4,6 milliards. C'est dix fois moins que le déficit annuel du budget de l'État (42 milliards), déficit autrement colossal et tout à fait acceptable aux dires du même gouvernement. D'autant que l'État pioche sans se gêner dans les caisses de la CNAV. Les dettes de l'État à son égard se montent à l'équivalent du déficit annuel. Elles servent à financer ses propres dépenses et à financer, avec l'argent des salariés, les caisses de retraite des patrons indépendants, paysans ou libéraux.
Pour l'avenir, il s'agit de prospectives sans réels fondements. Le gouvernement est bien placé pour le savoir, lui qui a oublié d'abonder le fonds de garantie des retraites censé, dans les réformes précédentes, assurer le financement de celles à venir.
Par ailleurs, compte tenu des coupes déjà réalisées, le COR, qui estimait en 2001 les besoins supplémentaires de financement pour les retraites à l'horizon 2040 à 4 % de la richesse nationale, ne les estime plus désormais qu'à 1,8 % supplémentaire.
Le véritable objectif recherché est d'obtenir des allégements supplémentaires de cotisations sociales pour les patrons et une diminution du poids des retraites dans le budget de l'État, pour les différentes fonctions publiques, pour leur permettre d'arroser les grandes compagnies privées. Rappelons qu'elles bénéficient de plus de 100 milliards d'euros d'aides diverses par an.
S'il y a des problèmes de financement des retraites, c'est d'abord là, dans la masse de profits des grandes entreprises, qu'il faut aller prendre l'argent.
Les salariés n'ont aucune raison de voir des retraites, qui déjà diminuent sans cesse en valeur, se réduire encore plus à l'avenir en ne permettant plus de vivre. Devenir des pauvres après une vie d'exploitation, féroce pour beaucoup, non merci !