SNCF - Orléans Les Aubrais : La grande misère des infrastructures.30/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2074.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Orléans Les Aubrais : La grande misère des infrastructures.

La SNCF organise régulièrement des tournées avec une voiture de mesure électronique destinée à vérifier la géométrie des voies... donc leur aptitude à assurer la circulation en sécurité des trains. Cette tournée est passée dans la deuxième quinzaine d'avril dans le secteur des Aubrais, près d'Orléans.

À chacune de ces tournées, on sent poindre l'inquiétude des responsables des voies, chargés de les maintenir à un niveau de sécurité correct. Et pour cause ! Depuis de nombreuses années, les moyens, tant en argent qu'en hommes, se réduisent à tel point que l'entretien des voies relève plus du bricolage et du système D que d'une maintenance correcte.

Les enregistrements de cette voiture de mesures ont été encore plus catastrophiques que les années précédentes. Au triage, sur les dix voies mesurées, six ont dues être interdites à la circulation en attente de réparation, tant les défauts étaient importants et laissaient prévoir un déraillement, même à faible vitesse. Ce sont pourtant des voies où circulent des trains de marchandises dangereuses. L'après-midi, ce sont les voies du dépôt de locomotives qui ont été fermées pour les mêmes raisons. Le lendemain, c'est le raccordement de la gare d'Orléans à la ligne de Vierzon qui a failli être fermé alors qu'il n'est parcouru qu'à 30 km/h.

Depuis, nous avons appris que la semaine précédente le tunnel de Vierzon avait été limité à 40 km/h au lieu de 160 km/h, là aussi à cause de l'état lamentable de la voie. Les cheminots qui travaillent dans ce secteur n'en sont pas surpris. Il suffit de faire une tournée à pied dans ce secteur pour s'apercevoir que les traverses baignent dans un mélange de boue et de glaise. C'est bien sûr signalé aux responsables, qui attendent des budgets... repoussés d'année en année.

Bien des cheminots sont inquiets de la dégradation avancée de nombreuses sections de voies. La SNCF reconnaît elle-même devoir mettre en place des ralentissements de vitesse sur plus de 1 500 kilomètres de lignes, pour ne pas risquer de déraillement.

Et ce ne sont pas les dernières annonces de la Cour des comptes qui rassurent ; ces « sages » recommandent de faire passer les quelque 55 000 cheminots chargés de l'entretien des voies et de la circulation des trains à RFF (Réseau Ferré de France) alors même que l'aggravation de l'état des voies date de la séparation de la SNCF en deux (SNCF/RFF) par le gouvernement Jospin en 1997. RFF avait alors hérité d'une telle dette que tous les budgets consacrés à l'entretien des voies avaient été fortement diminués.

La SNCF, par la voix de son président Pépy, peut bien se vanter du milliard d'euros de bénéfices en 2007. Cette santé financière cache, comme partout ailleurs dans cette société, les milliers d'emplois supprimés chaque année et les réductions des budgets destinés à garantir un bon entretien, cela au détriment des travailleurs du rail et de la sécurité des usagers.

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