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- Lutte ouvrière n°2074
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Dans les entreprises
La Redoute (Roubaix) : Les travailleurs toujours en lutte.
Mardi 29 avril, la cinquième semaine de grève et de débrayages commençait. La veille, 28 d'entre nous avaient été convoqués au tribunal d'instance pour « entrave à la libre circulation des biens et des personnes ». Le juge a nommé un médiateur et il y a donc eu des négociations le soir même.
La direction a proposé une augmentation mensuelle de 40 euros pour les moins mal payés à 50 euros pour les plus mal payés, surtout au centre de La Martinoire, prime de 7 euros pour la mutuelle comprise. Ce n'est évidemment pas beaucoup même si c'est la première fois depuis des années que la direction lâche un peu devant une grève. L'assemblée générale des grévistes et de ceux qui débrayent, aussi bien à La Martinoire qu'à Roubaix, a décidé à la quasi-unanimité de rejeter les propositions de la direction. Seul le syndicat SUD a proposé en assemblée générale de voter la reprise.
C'est pour les plus bas salaires que l'augmentation est la plus ridicule car, de toute façon leur salaire aurait été augmenté presque autant avec le smic en mai et en juillet. D'ailleurs, l'agitation sur les salaires a démarré car la direction voulait mensualiser des primes annuelles, afin de ne pas devoir rajouter chaque mois un complément nécessaire pour atteindre le smic. Au tribunal, quand l'avocat de la direction a déclaré que le salaire moyen des ouvriers à La Redoute était de 1 860 euros par mois, les travailleurs qui étaient là ont bien ri, car aucun d'entre eux ne touche évidemment cette somme-là, même en ajoutant les primes aléatoires et plutôt en diminution. Une « emballeuse » qui confectionne les colis (et il y a beaucoup de qualifications plus mal payées), avec ancienneté, a touché toutes primes comprises 1 250 euros par mois l'an passé. On savait qu'on ne gagnait pas lourd, mais grâce à l'avocat de La Redoute on a découvert en plus qu'on était tous au-dessous de la moyenne !
Au tribunal, la direction a fait dire à son avocat que la grève mettait l'entreprise en danger. Les journalistes locaux, surpris, ont écrit le lendemain que la direction leur racontait depuis quatre semaines que la grève n'avait aucune incidence sur les livraisons aux clients. Le service juridique et le service communication ne sont donc pas synchronisés, il faut dire qu'ils n'ont pas la même fonction.
Le 29 avril après-midi, le tribunal a ordonné l'évacuation des piquets de grève. Mais il ne peut évidemment pas ordonner la fin de la grève, elle ne dépend que de la décision des travailleurs.
Comme le fait remarquer le journal La voix du Nord, dans la région, seize entreprises ont connu des conflits sur les salaires au mois d'avril. On ne peut que souhaiter la généralisation de ces conflits pour faire céder ces patrons bien gras et arrogants. En se battant depuis quatre semaines, en faisant connaître leur lutte, les travailleurs de La Redoute aident en même temps beaucoup à populariser cette idée.