Éducation nationale : Démagogie, mensonge et sabotage du service public.30/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2074.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : Démagogie, mensonge et sabotage du service public.

Dans plusieurs villes, des lycéens ont repris les manifestations en même temps qu'ils reprenaient les cours : ainsi, le 24 avril, ils étaient plusieurs milliers dans la rue à Strasbourg, à Tours ou à Toulon. Et ce ne sont pas les récentes déclarations de Darcos ou de Sarkozy qui risquent d'apaiser la situation.

Pour Darcos, supprimer des postes ne touche pas « à l'offre éducative » : « Faire croire, lorsqu'on a 1,2 million de fonctionnaires, que tout se règle parce qu'on va être mille de plus ou de moins, c'est un mensonge », ose-t-il répéter, lui qui s'apprête à supprimer 11 200 postes dont 8 800 en lycée ! Et pour faire bonne mesure, il a ajouté qu'avec un taux de 11 élèves par enseignant, il n'y avait pas de quoi se plaindre. Voilà un mensonge qui, même répété, n'abusera pas grand monde, et surtout pas les parents d'élèves dont les enfants se retrouvent dans des classes de 25 à 30 élèves au collège et de 35 au lycée.

Diviser le nombre d'élèves par le nombre de professeurs est un calcul absurde puisqu'il y a plusieurs professeurs par classe dans le secondaire. De plus, tous les enseignants ne sont pas forcément en poste en même temps pour diverses raisons (maladie, détachement...) Le ministère reconnaît d'ailleurs que la moyenne par classe est de 27,8 élèves et qu'en seconde près d'une division sur cinq en compte plus de 34. Mais pour Darcos, 30 ou 35 quelle importance ? Les enseignants savent pourtant à quel point il est nécessaire de travailler en effectif réduit, en particulier pour les élèves en difficulté, et d'avoir un encadrement adulte important, qu'il s'agisse de surveillants, d'assistants d'éducation, de psychologues ou de médecins, personnels plus que rares dans l'enseignement public. Les parents aussi en sont bien conscients. L'importance de cet encadrement est une des raisons qui font que les parents qui en ont les moyens choisissent souvent l'enseignement privé, que ce gouvernement, comme bien d'autres par le passé, trouve normal de subventionner !

Mais, dans le public, il faut économiser : économiser dès la petite enfance, puisque l'accueil des 2-3 ans, qui se faisait il y a dix ans dans 80 % des départements, ne se fera plus que dans 30 %. Économiser sur les heures d'enseignement en supprimant des options, en projetant de réduire la filière bac professionnel à trois ans au lieu de quatre, en « allégeant » les emplois du temps des élèves. Le ministre s'est soudain senti plein de compassion pour ces lycéens accablés par des semaines de 36 heures de cours... alors que, comme le rappelle le Snes, le Syndicat des enseignants du second degré, aucun horaire obligatoire ne dépasse 28 h 30 dans la voie générale. Tous les blabla pédagogiques sont bons pour justifier les diminutions d'horaires, la disparition d'options ou la réforme des programmes mais, quoi qu'en dise le gouvernement, un enseignement de qualité, sans de gros moyens humains et matériels, est impossible.

Le 15 mai, l'ensemble de l'Éducation nationale est appelé à manifester. D'autres syndicats de fonctionnaires appellent à la mobilisation. C'est le moment de donner au gouvernement la réponse que mérite son sabotage des services publics.

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