Italie : Un « post-fasciste » à la mairie de Rome.30/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2074.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Un « post-fasciste » à la mairie de Rome.

Le 28 avril, c'est le candidat du parti berlusconien, Gianni Alemanno, qui a remporté le second tour de l'élection municipale de Rome. Le premier tour avait eu lieu les 13 et 14 avril, en même temps que les élections législatives dont Berlusconi est sorti vainqueur avec son parti le Peuple de la Liberté (PdL) et ses alliés de la Ligue du Nord, renvoyant à l'opposition le Parti Démocrate de Walter Veltroni.

Après la fin de la majorité de centre gauche qui gouvernait l'Italie depuis 2006, le même renversement se produit donc à la mairie de la capitale. Alemanno est membre du parti de Berlusconi, mais il vient de l'Alliance Nationale, autrement dit du parti qui a succédé à l'ancien parti néo-fasciste MSI (Mouvement Social Italien). Ce parti, se réclamant ouvertement de Mussolini, est devenu dans les années quatre-vingt-dix un parti « respectable », s'intégrant aux institutions et aux majorités gouvernementales sous la haute protection de Berlusconi, à qui il a fourni un appoint de députés non négligeable. Les gens comme Alemanno ou le dirigeant d'Alliance Nationale Fini, pour se définir, déclarent qu'ils sont « post-fascistes » : façon commode de dire que leur appartenance fasciste fait partie du passé, sans pour autant la renier vraiment.

« Post-fasciste » ou non, en tout cas, pour gagner cette élection, Alemanno n'a pas lésiné sur la démagogie sécuritaire, xénophobe et anti-immigrés. Depuis des mois, les campagnes se succèdent contre les immigrés, rendus responsables de toute la délinquance, des viols et des meurtres, sans que rien ne vienne prouver qu'ils le soient plus que les Italiens de souche. Alemanno a accusé les maires sortants de centre gauche de n'avoir rien fait pour empêcher « l'invasion » de Rome par les immigrés clandestins et a promis d'en faire expulser des dizaines de milliers.

Mais comme pour le gouvernement national, cette victoire de la droite à Rome témoigne surtout de la désillusion de l'électorat de gauche et du fait qu'il ne s'est guère mobilisé pour les candidats qu'on lui présentait. À Rome, le maire sortant n'était autre que Veltroni et le candidat du centre- gauche était un des dirigeants nationaux du Parti Démocrate, Francesco Rutelli, qui lui-même avait déjà été maire de Rome de 1993 à 2001. Elitiste, anti-communiste, Rutelli apparait comme un des hommes du centre-gauche... les plus proches du centre-droit. Les abstentions ont été nombreuses et Rutelli a eu encore moins de voix à Rome que le candidat du centre-gauche qui, au même moment, a gagné les élections de la province (équivalent du département).

À la campagne d'Alemanno, Rutelli n'a d'ailleurs répondu qu'en se plaçant sur le même terrain, celui de la sécurité et de la chasse aux clandestins. De Rutelli, l'électorat populaire de Rome n'avait rien à attendre, pas plus que du Parti Démocrate de Veltroni, qui vient de gouverner le pays pendant deux ans à coups de mesures antiouvrières.

Plus que le succès des idées de Berlusconi, si tant est qu'il s'agisse d'idées, la perte du gouvernement et maintenant la perte de Rome marquent d'abord le fait que les partis dits de gauche, à force de gouverner contre les travailleurs et les classes populaires, réussissent de moins en moins à avoir leurs voix.

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