Pour augmenter le pouvoir d'achat, il faut augmenter salaires, pensions et retraites !30/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2074.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour augmenter le pouvoir d'achat, il faut augmenter salaires, pensions et retraites !

Peu importe que Sarkozy ait changé, ou pas, de style. Il n'a pas changé de politique. Et toutes les mesures évoquées dans son intervention télévisée du 24 avril ne sont dans le meilleur des cas que poudre aux yeux, et le plus souvent que la confirmation des mauvais coups que le gouvernement réserve aux travailleurs. Le nombre d'années de cotisations exigées pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein passera à quarante et un ans. Le patronat réclame que l'âge légal de la retraite soit repoussé : il a déjà de fait satisfaction, car au train où vont les choses, qui aura cotisé quarante et une annuités à soixante ans ?

Quant aux discours sur « les seniors » qu'il faudrait remettre au travail, cela relève de la plus parfaite hypocrisie, car si beaucoup de salariés ne sont plus en activité plusieurs années avant l'âge légal de la retraite, c'est parce que les grandes et aussi les petites entreprises les ont poussés dehors. Alors Sarkozy peut toujours dire qu'il fera payer une cotisation supplémentaire aux entreprises qui n'auront pas signé d'accord à ce propos, il serait plus crédible si le gouvernement dont il faisait partie n'avait pas supprimé il y a deux ans la « contribution Delalande », qui rendait plus onéreux pour les employeurs le licenciement des salariés de plus de cinquante ans.

En fait, toutes les mesures envisagées concernant les travailleurs approchant de l'âge de la retraite ne visent qu'à faire pression pour qu'ils acceptent n'importe quel emploi mal payé.

Car la politique de Sarkozy, c'est toujours de faire payer les plus démunis.

Pour financer le « revenu de solidarité active », qui devrait permettre aux chômeurs de ne pas voir leurs revenus diminuer quand ils retrouvent un travail, Sarkozy envisage d'utiliser une partie de la « prime pour l'emploi », que Jospin avait inventée pour permettre aux patrons de ne pas augmenter les petits salaires. Et le « haut commissaire aux solidarités actives » d'expliquer dans la foulée qu'aujourd'hui une partie de cette prime pour l'emploi « va vers les catégories les plus aisées de la population ». De qui se moque-t-on ? Les salariés qui gagnent 1,4 fois le smic, appartiendraient aux « catégories les plus aisées de la population » ? Ce n'est pas aux plus riches que le gouvernement veut imposer des sacrifices, c'est à des pauvres, et même si c'est vraiment pour donner à des plus pauvres, cela reste une escroquerie.

Devant la flambée des prix, celui qui prétendait qu'il serait le « président du pouvoir d'achat » n'a rien trouvé d'autre à proposer que la « participation », inventée par De Gaulle il y a plus de quarante ans. Et pour inciter les patrons à faire un petit geste, il a promis aux entreprises que, dans ce cas-là, elles bénéficieraient d'une nouvelle diminution de l'impôt sur les bénéfices.

Quant aux salaires eux-mêmes, la seule chose qu'il a envisagée, c'est de prendre des sanctions contre les entreprises qui n'ouvriraient pas de négociations avec les syndicats à ce sujet. Mais en quoi cela obligera-t-il les patrons à augmenter les salaires, alors qu'il leur suffira de faire semblant de négocier pour être en règle avec cette loi, si toutefois elle voit le jour ?

Sarkozy peut toujours critiquer un capitalisme qui d'après ses propres paroles « marche sur la tête » et estimer que la grande distribution exagère, les seules mesures qu'il prend sont dirigées contre le monde du travail, alors qu'il est aux petits soins pour les possédants. Et ce n'est pas seulement parce qu'il est l'ami personnel des Lagardère, Bolloré, Arnault et autres Pinault, c'est-à-dire de toutes les grandes fortunes du pays. C'est d'abord parce que la fonction de l'État à la tête duquel il se trouve n'est pas de défendre les intérêts de toute la population, mais de faire prospérer les capitalistes.

Arlette LAGUILLER.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 avril.

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