Loi de modernisation de l'économie et grande distribution : Toujours plus pour les profits.30/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2074.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi de modernisation de l'économie et grande distribution : Toujours plus pour les profits.

La loi dite « de modernisation de l'économie » présentée par le gouvernement devrait, paraît-il, entraîner une baisse des prix en faisant jouer à plein la concurrence. « J'attends des distributeurs qu'ils jouent le jeu des prix bas », a déclaré la ministre de l'Économie. Et pour cela quoi de mieux, selon elle, que de miser sur la transparence, la liberté des négociations entre fournisseurs et distributeurs et sur la libre concurrence ?

Les patrons de super ou hypermarchés pourront ainsi négocier les prix avec les producteurs ou les industriels sans aucune contrainte. Ils pourront plus facilement ouvrir de nouveaux espaces commerciaux, et sans autorisation jusqu'à 1 000 m², au lieu de 300 m² jusqu'à présent. Michel-Édouard Leclerc, PDG des centres commerciaux du même nom, et Serge Papin, président de Système U, entre autres, se frottent les mains : c'est un créneau qui les intéresse particulièrement, au nom bien sûr de la défense du consommateur. Enfin, ils auront le droit de répercuter la baisse des prix arrachée de haute lutte à leurs fournisseurs, de 2 à 3 %, nous disent-ils !

Le gouvernement, plus modeste, envisage une baisse de 1,6 % sur trois ans... alors que l'Insee a chiffré la hausse des prix à la consommation à 2,8 % sur l'année écoulée. À supposer que cette prévision gouvernementale soit moins fantaisiste que celle sur la croissance, on n'est pas près de voir le pouvoir d'achat se relever !

Depuis le temps que tous les Leclerc, Auchan, Carrefour, Super U, etc. pressurent leurs fournisseurs et en particulier les plus petits, malgré les quelques réglementations légales officielles, on se demande bien pourquoi ils n'ont pas encore fait le bonheur des clients ! En réalité, leur « libre » concurrence n'a comme seule vertu que de permettre aux plus gros de la production ou de la distribution d'accroître leurs profits aux dépens des petits, et surtout des consommateurs.

Car ces tractations ne sont jamais « libres », ni « transparentes », ni profitables aux consommateurs. Des ententes illicites pour fixer les prix entre concurrents, à la répartition des clients sous forme d'un « pacte de non-agression » ou « Yalta des parts de marché », des offres bidon pour faire croire à une concurrence lors d'un appel d'offres, à la fixation de quotas de production, les moyens sont multiples pour faire monter les prix. On en a des échos lorsque des associations de consommateurs dénoncent ces pratiques : en 2005, dans le domaine des services, c'était sur l'entente sur la répartition du marché de la téléphonie mobile entre Orange, Bouygues et SFR ; en 2006, c'était sur le prix des parfums ; en décembre 2007, une entente sur le prix des jouets impliquait entre autres Carrefour et Maxi-Toys.

Les défenseurs de l'économie de marché, où « le client doit être roi », dénoncent ces ententes comme le « cancer de l'économie ». Mais c'est le système lui-même qui est un cancer, et la « modernisation » gouvernementale ne peut qu'aggraver la situation.

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