Fin des CNE, mais pas de la précarité07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fin des CNE, mais pas de la précarité

Le CNE, ce contrat précaire créé par ordonnance en août 2005 par le gouvernement Villepin, qui permet aux entreprises de moins de 20 salariés de licencier leurs salariés librement pendant les deux premières années, est abrogé. Les CNE devraient de ce fait être transformés en CDI lorsque la période d'essai est dépassée et en CDD lorsqu'elle court toujours.

À cette annonce Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la CGPME, le syndicat des patrons des petites et moyennes entreprises, a qualifié la nécessité de transformer les CNE en CDI de " scandale ". Rien que cela ! D'après lui, les patrons qui ont " respecté la loi " en embauchant en CNE seraient ainsi " pénalisés sans aucune faute de leur part ". Être " pénalisé " en ne pouvant plus licencier aussi facilement, on voit où sont ses préoccupations !

Les patrons de PME ont même menacé de faire des licenciements de " précaution " ! En fait, ils veulent faire pression (avec la peau des salariés) sur le gouvernement pour ne pas être contraints de revenir sur les contrats en cours. Pour le reste, les patrons savent que la fin du CNE ne signifie pas celle des contrats précaires, loin s'en faut.

En effet, cette abrogation du CNE se fait dans le cadre du projet de loi transposant l'accord sur le marché du travail signé en janvier par le patronat et les syndicats, à l'exception de la CGT. Il prévoit d'allonger les périodes d'essai. Un nouveau contrat précaire est créé, un contrat de mission ou contrat à objet défini, qui permettrait par exemple à un patron de l'automobile de n'embaucher que pour le lancement d'un nouveau modèle. Cette " nouveauté " met ainsi fin à la durée minimum que garantissait malgré tout le CDD. L'accord se limiterait pour l'instant aux ingénieurs et aux cadres, mais on peut craindre à juste raison son extension à l'ensemble des salariés.

Les patrons ont aussi obtenu la " rupture à l'amiable " du contrat de travail. Il s'agit en fait de la possibilité de licencier sans que les travailleurs aient recours aux prud'hommes, ou très difficilement. Évidemment en théorie, il faut l'accord du salarié. Mais tous les travailleurs savent comment cela se passe : le patron qui veut se débarrasser d'un salarié peut lui mener la vie dure jusqu'à ce qu'il " accepte " de partir. De tels licenciements " à l'amiable " existent déjà dans les faits, mais légaliser ces pratiques ne peut qu'inciter les patrons à les multiplier.

Il y a en permanence 900 000 CDD et 650 000 contrats d'intérim et en fait deux fois plus de personnes concernées car elles ne travaillent que six mois par an en moyenne. La précarité est donc déjà à un niveau très élevé. Même sans le CNE, les patrons disposaient déjà de nombreux contrats leur permettant de licencier sans contrainte. Cela ne les empêche pas d'en vouloir encore plus.

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