Prisons privatisées : Rien n'échappe au marché07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons privatisées : Rien n'échappe au marché

La ministre de la Justice, Rachida Dati, vient de signer avec le groupe Bouygues un contrat qui l'autorise à gérer la construction, le financement et l'exploitation de trois prisons à Nantes, Lille et Réau (Seine-et-Marne) pour un total de 1 996 places. Pour tous ces services rendus, l'État paiera à Bouygues un loyer de 48 millions d'euros annuels et ne deviendra propriétaire des trois prisons que dans vingt-sept ans.

L'apparition du privé dans ce domaine n'est pas nouvelle. Depuis 1987, plusieurs entreprises, la Sodexho, Spie-Batignolles, Dumez et bien d'autres, se sont vu confier, dans un certain nombre de prisons, la construction, la gestion de la maintenance, de l'hôtellerie, de la cantine, de la santé et même du travail et de la formation professionnelle. Bref tout sauf la direction, la gestion des personnels de surveillance et le greffe, qui sont du ressort de l'État. Mais c'est la première fois qu'une seule entreprise se voit confier l'ensemble de ces tâches dévolues au privé.

Le gouvernement en a décidé ainsi au nom de la modernisation des établissements pénitentiaires, argument déjà utilisé en 1987, avec la nécessité de diminuer la surpopulation carcérale.

Certes, les prisons récemment construites sont modernes mais la surpopulation carcérale est toujours là, avec un taux d'occupation de 120 % en janvier 2008 dont, il faut le rappeler, un grand nombre sont en détention provisoire, donc pas encore jugés ! Quant à l'argument économique mis en avant par le gouvernement, il est plus que contesté par un rapport de la Cour des comptes qui note que, vu l'opacité des critères, le gouvernement est totalement incapable de comparer les coûts du privé et du public, ce qui ne l'empêche pas de s'engager de plus en plus sur la voie du privé.

C'est une manne pour les grosses sociétés privées, dont l'objectif n'est pas de faire de la philanthropie mais de rapporter des bénéfices à leurs actionnaires. On peut compter sur Bouygues - et d'autres à l'avenir - pour pressurer les fonds publics et les détenus, par la diminution des prestations ou l'exploitation du travail.

À la politique sécuritaire, à visée électoraliste, qui remplit les prisons, le gouvernement de Sarkozy ajoute la privatisation qui remplit les coffres de ses amis du Medef.

Partager