Logement : Les boniments de Fillon07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Les boniments de Fillon

Interrogé sur Europe 1, le Premier ministre, François Fillon, a déclaré que son gouvernement allait agir sur le logement, devenu si cher " parce que pendant des années, et notamment sous la gauche, on n'a pas assez construit de logements. " Il a ajouté qu'aujourd'hui on en construit davantage. Mais où et pour qui ? Sûrement pas pour les mal-logés ou les sans-logis car la pénurie de logements sociaux est toujours aussi catastrophique.

Ce type de construction a régulièrement diminué, passant de 80 000 en 1994 à 42 000 en 2000 puis 56 000 en 2001. Pour la gauche au pouvoir, seule ou en cohabitation, le logement social n'était pas une priorité. Les gouvernements de droite pouvaient difficilement faire pire mais en 2005, seuls 49 000 nouveaux logements ont été mis en service. Et depuis, les différents ministres, Jean-Louis Borloo et Christine Boutin, ont avancé les chiffres de 100 000 (en 2006) puis de 140 000 (projet pour 2008) logements sociaux mais qui, même concrétisés, seraient bien en deçà des besoins.

En réalité, même si on construit plus, on détruit encore plus, en particulier dans les zones urbaines sensibles, les cités les plus dégradées, où la vie devient de plus en plus difficile. D'après un rapport officiel, " les logements reconstitués représentent près de 70 % des démolitions ". Mais à ce déficit s'en ajoute un autre : on démolit les grands logements (plus de cinq pièces) pour en reconstruire des plus petits (moins de trois pièces). Et puis on offre davantage de logements " à loyers intermédiaires " tandis que " la production de logements conventionnés a baissé de presque 13 % entre 2005 et 2006 ". Bref, les populations les plus pauvres n'ont qu'à partir ailleurs. Où ? Sûrement pas vers ces banlieues résidentielles qui n'ont augmenté leur parc de logements sociaux que de 0,6 % entre 2003 et 2006, comme Neuilly qui en compte 3,2 % ou, pour ne rester qu'en Île-de-France, Vincennes et Saint-Maur-des Fossés, deux communes du Val-de-Marne qui en ont respectivement 6,7 % et 5,6 %, au lieu des 20 % censés être obligatoires !

Il y a quelques semaines Fillon et Christine Boutin parlaient de débloquer 250 millions d'euros supplémentaires alors que les associations de défense des mal-logés estimaient l'effort financier nécessaire à 1,5 milliard d'euros. Avec 100 000 sans-abri et trois millions de mal-logés, la question du logement est devenue un problème insoluble si on ne se résout pas à employer les grands moyens : la réquisition des logements vides et, pour construire les centaines de milliers de logements nécessaires, la préemption des terrains libres, au lieu de les laisser aux mains des spéculateurs et des trusts du bâtiment.

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