Grève des nettoyeurs de Juvisy et Brétigny (Essonne) : La SNCF et Challancin se partagent le sale boulot31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grève des nettoyeurs de Juvisy et Brétigny (Essonne) : La SNCF et Challancin se partagent le sale boulot

Les nettoyeurs des gares qui desservent la zone de Brétigny et Juvisy, sur la ligne C du RER, se sont mis en grève le lundi15 mai.

Ils avaient bien des raisons, depuis que leur patron, l'entreprise Challancin, reprenait ce marché en sous-traitance SNCF le 1ermars: des problèmes de remboursement de carte orange, des taux horaires diminués et surtout des conditions de travail aggravées par un petit chef arrogant. Les salaires sont proches du smic, beaucoup travaillent six jours sur sept et bien des contrats font moins de 152 heures mensuelles, pour la trentaine de nettoyeurs répartis sur ce chantier. De plus, Challancin refuse d'organiser des élections de délégués du personnel.

C'est le patron lui-même qui a déclenché la grève en envoyant, le vendredi qui précédait, une douzaine de gros bras empêcher une réunion des ouvriers du chantier avec leur syndicat Sud-Rail. Une bagarre avait entraîné l'envoi aux urgences d'un nettoyeur.

Dès le premier jour de grève, Challancin envoyait en gare de Juvisy une vingtaine de nervis qui provoquaient les grévistes, une quinzaine, en les apostrophant et en les suivant dans toute la gare. Certains d'entre eux encadraient les quelques non-grévistes qui allaient faire du non-stop pendant toute la grève...

Cette bande de gros bras cherchait l'affrontement et le 17 au matin attaquait les grévistes, au beau milieu des voyageurs, à une heure de pointe, à coups de poings et de manches à balais brisés. Un syndicaliste de Sud, cheminot conducteur qui se trouvait aux côtés des grévistes, a même reçu un coup de couteau à la main... Avec l'arrivée de la police, les gros bras se sont déplacés devant la gare, bien visibles, et sont restés jusqu'au soir. Sans être inquiétés, comme les jours précédents d'ailleurs, et comme pendant tout le reste de la grève. La SNCF, qui déclarait volontiers que ce conflit «ne la concernait pas», renvoyait dos à dos grévistes et agresseurs. Ce qui scandalisait les cheminots, qui ont exprimé leur soutien par une pétition massivement signée.

Challancin engageait au bout de quelques jours des procédures de licenciement contre six grévistes, tout en acceptant, le 22 mai, de rencontrer une délégation pour négocier, mais sans rien lâcher.

Le sentiment d'impunité des nervis de Challancin les a amenés, le 25 au petit matin, à vouloir forcer l'accès à un bureau SNCF, à une quinzaine face aux deux cheminots qui y travaillaient et leur en interdisaient l'accès. Un agent de sécurité avec son chien les en a finalement dissuadés.

Pour les cheminots, c'en était trop. Le lendemain, certains débrayaient en exigeant que la SNCF fasse sortir les gros bras de la gare et demande à Challancin de négocier véritablement. Le soir même, Challancin recevait à nouveau une délégation, mais faisait enfin quelques concessions que les grévistes ont estimées suffisantes pour arrêter leur mouvement: deux contrats CDD passent en CDI, une représentation du personnel du chantier est organisée avec une réunion mensuelle, en attendant les prochaines élections professionnelles. Toutes les procédures de licenciement sont annulées.

C'est donc avec le sentiment de s'être fait respecter en tenant bon, avec le soutien des cheminots, que les nettoyeurs ont repris le travail.

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