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Hôpital Saint-Joseph – Marseille : Les infirmières grévistes savent recevoir un ministre
À l'hôpital Saint-Joseph, le plus grand hôpital privé de Marseille, le 22 mai près de 180 infirmières et infirmiers, sur les 300 que compte l'établissement, ont fait grève la journée, avec distribution de tracts au personnel et aux patients le matin, et accueil avec chansons et slogans du ministre de la Santé, venu inaugurer en grande pompe le nouveau Pôle Parents-Enfants, l'après-midi.
Depuis deux mois, le mécontentement grandissait. L'établissement tourne avec un effectif minimum, qui ne permet pas le remplacement des infirmières en maladie, en formation ou en congés. Du coup, la direction demande aux infirmières de faire des journées supplémentaires, qui ne sont pas payées en heures supplémentaires, mais sont à prendre en jours de récupération, imposés par la direction. Toujours à cause de la pénurie de personnel, certains services ferment, les horaires sont changés et les infirmières déplacées à la dernière minute. La nuit, c'est encore pire: un service de 52 malades peut se retrouver sous la garde d'une seule infirmière, aidée d'une élève, ce qui faisait dire à une infirmière: «Les malades ne sont plus en sécurité»!
Si la charge de travail augmente rapidement, les salaires, eux, se traînent. Les infirmières réclament une revalorisation des salaires de 200euros par mois. Après avoir rencontré la direction en avril, sans que rien ne bouge, un petit groupe d'infirmières décidait de préparer une journée d'action, avec grève et information du public sur la dégradation continue de leurs conditions de travail et sur les dangers qu'encourent les malades.
Ainsi, les infirmières se mirent en grève le 22mai, journée d'inauguration du nouveau Pôle Parents-Enfants, par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, le maire de Marseille, J.-C.Gaudin, et le préfet. La belle réception organisée par la direction en fut quelque peu gâchée. La majorité des infirmières étant en grève, la direction avait même dû fermer le bloc opératoire, avançant ou retardant les opérations.
Les grévistes avaient invité la presse pour dénoncer le manque d'effectifs et les salaires insuffisants qui se cachaient derrière le nouveau bâtiment flambant neuf et les rangées d'oliviers fraîchement plantés! Pendant plusieurs heures, plus de 120grévistes sont restés devant le bâtiment avec leurs banderoles en chantant à l'adresse du directeur de l'hôpital: «Monier, sors ton chéquier, les infirmières, elles vont se barrer» ou «Les salaires sont au plus bas, mais les oliviers sont là».
Des syndicalistes d'autres hôpitaux de Marseille étaient venus, eux aussi, protester contre la politique du ministre.
Le soir même, la direction de l'hôpital Saint-Joseph recevait des représentants des grévistes pour discuter de leurs revendications. Quant au ministre, pressé d'inaugurer un autre service dans un autre hôpital de Marseille, il laissait un de ses conseillers recevoir une délégation d'infirmières grévistes, puis les syndicats de l'hôpital.
À la suite de ce mouvement, la direction s'est engagée à payer les heures supplémentaires à partir du 25 mai et à ouvrir des négociations sur les salaires et sur les effectifs début juin. Tous ceux qui ont participé à la grève sont bien décidés à continuer à se mobiliser pour se faire entendre.