Lundi 29 mai 2006, anniversaire du référendum sur le projet de Constitution européenne et de son rejet, ceux qui avaient appelé à voter «oui» déplorent un vote qui serait responsable de l'enlisement de l'Europe. Ceux qui, à gauche, avaient appelé à voter «non» se félicitent, au contraire, du coup porté à la «dérive libérale de l'Europe», quand ils n'y voient pas, à l'instar de Marie-George Buffet, le lancement d'une «dynamique unitaire à gauche, rassemblée sur une volonté claire de rupture». Ce qui s'est passé le 29 mai 2005 ne mérite cependant ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité.
La Constitution européenne a été rejetée, et c'est tant mieux! Elle n'aurait rien apporté de bon pour les travailleurs, comme elle n'aurait rien apporté aux peuples de la partie pauvre de l'Europe à qui elle aurait imposé, en plus de la dictature économique des trusts d'Europe occidentale, la dictature politique des pays les plus riches. Les électeurs des classes populaires avaient des raisons de se réjouir du désaveu infligé aussi bien à la majorité de la droite gouvernementale qu'au PS, dont la direction s'est retrouvée, une fois de plus, à la remorque de Chirac. Mais la joie s'arrêtait là.