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- Lutte ouvrière n°1974
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Leur société
Procès contre la discrimination à l’embauche : Parce que L’Oréal le vaut bien
Un cadre du groupe L'Oréal accusé de «discrimination raciale à l'embauche» a dû s'expliquer devant la justice. Il n'est pas très fréquent que celle-ci puisse épingler des dirigeants d'entreprise pour ce motif, la plupart se contentent de faire appliquer des consignes tacitement comprises et implicitement données.
Ici pourtant, la justice semble avoir quelques «biscuits».
Par exemple un fax du mois de juillet 2000 a été adressé par une société de communication au service de l'Oréal à des agences d'intérim recrutant pour cette entreprise, spécifiant le profil des jeunes animatrices à engager. Outre l'âge, de dix-huit à vingt-deux ans, la taille etc. elles se devaient d'être «BBR» (bleu-blanc-rouge) un code paraît-il connu des agences d'intérim, désignant des individus de type européen, excluant ceux de couleur.
L'employée de la société d'intérim auteur du fax a tenté d'expliquer qu'il s'agissait simplement de désigner par cette expression les personnes s'exprimant correctement en français, explication infirmée par une enquête de l'inspection du travail montrant qu'aucune candidate de couleur n'avait été embauchée comme animatrice. Un témoin, ancien employé de cette société d'intérim, le confirma en précisant que le groupe L'Oréal et Garnier refusait systématiquement d'embaucher des gens de couleur pour ce genre de travail.
Ces pratiques sont connues. Les patrons embauchent en accord avec leurs préjugés, ou ceux parfois supposés de leur clientèle. Le ministère de l'Industrie signalait récemment qu'à CV comparable une postulante d'origine maghrébine recevait trois fois moins de propositions d'entretien préalable à l'embauche, et un maghrébin cinq fois moins, que des candidats «BBR».