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Leur société
Violences dans les banlieues : Sarkozy pompier pyromane
À l'occasion des affrontements qui ont opposé des jeunes de banlieue à la police à Montfermeil et Clichy-sous-Bois depuis le lundi 29 mai, les média ont décrit des bandes organisées qui auraient attaqué la police pour remettre le feu aux banlieues, comme en novembre dernier. Mais ils ont moins insisté sur l'attitude de la police, qui semble être pour beaucoup à l'origine de ces affrontements.
En effet, tout a débuté dans l'après-midi du 29 mai quand des policiers, participant à une perquisition dans le quartier des Bosquets à Montfermeil, ont procédé de manière brutale. Selon des témoins, ils auraient fait baisser son pantalon au jeune interpellé et, devant la réaction de sa mère et de son frère, ils les auraient aspergés de gaz lacrymogènes. Les affrontements ont alors commencé avec des jeunes indignés par ce comportement.
L'attitude du maire de Montfermeil y est aussi pour beaucoup. Celui-ci avait pris, début avril, deux arrêtés interdisant sous peine d'une amende de 38 euros les rassemblements de plus de trois jeunes de 15 à 18 ans dans le centre-ville et obligeant un adulte à accompagner les moins de 16 ans voulant circuler le soir et la nuit. Ces arrêtés ont été depuis annulés par la justice, mais le maire qui affectionne les postures sécuritaires n'en a pas pour autant abandonné son attitude provocante.
La presse a aussi évoqué l'interpellation du survivant du drame de Clichy-sous-Bois en octobre, qui était en compagnie des deux jeunes poursuivis par la police qui étaient entrés dans un transformateur où ils furent électrocutés. Son avocat, lui, a mis l'accent sur le fait que cette interpellation se produisait comme par hasard la veille de la reconstitution des événements de Clichy, où sa présence aurait été utile.
Enfin Sarkozy a bien sûr profité immédiatement de ces événements pour jeter de l'huile sur le feu, en apportant son soutien appuyé aux policiers et en déclarant que «ce qui s'est passé est intolérable et ne sera pas toléré». Il a affirmé sans aucune preuve qu'il y avait eu «préméditation» de la part des jeunes. Tout lui est bon pour faire de la surenchère sécuritaire et montrer ses muscles de premier flic de France pour plaire à l'électorat d'extrême droite.
Après les événements d'octobre-novembre, chacun avait parlé gravement de la façon de résoudre ce qui a été appelé «crise des banlieues», mais dont on connaît les ingrédients: le chômage, les bas salaires et la précarité, l'état d'abandon des quartiers, la dégradation des services publics et en particulier de l'enseignement. Mais sur l'ensemble de ces terrains, le pouvoir n'a toujours aucune autre réponse que de déployer des policiers qui jouent les shérifs et des ministres qui promettent, encore, de la prison et de la matraque.