Allemagne : Le gouvernement de coalition fait les poches des travailleurs31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Le gouvernement de coalition fait les poches des travailleurs

Le Bundestag, le Parlement allemand, a adopté le 19 mai la proposition du gouvernement de coalition entre la CDU (droite) et le SPD (Parti Social-Démocrate) d'augmenter le taux de la TVA de 16% à 19%.

Cette mesure doit encore être approuvée par le Bundesrat, la Chambre des régions, mais ce sera une formalité puisque la CDU et le SPD y disposent d'une majorité écrasante. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2007 et conduira à un renchérissement de tous les produits et services, excepté l'alimentation, les transports, les livres et les journaux, soumis à un taux réduit de 7%.

De même, l'impôt sur les assurances augmente de 16 à 19%. Et des dégrèvements fiscaux sont supprimés: ainsi on ne pourra plus déduire ses frais de transport, lorsqu'on utilise sa voiture pour aller travailler, que si l'on habite à plus de 20kilomètres de son lieu de travail. Au total, les experts de la coalition gouvernementale estiment que cette pression fiscale accrue va représenter environ 28 milliards d'euros par an, qui vont donc passer des poches de la population dans les caisses de l'État, dont 19 milliards au titre de la seule hausse de la TVA. Ce sont les classes populaires qui seront les plus touchées par cette augmentation, puisque même ceux qui ont de faibles revenus (les chômeurs, tous ceux qui vivent de petits boulots, les retraités, les intérimaires, etc.) ne peuvent échapper à la TVA. Quant à «l'impôt sur les riches», décidé en même temps, il ne rapportera qu'environ 250 millions d'euros, soit une somme ridicule destinée à faire croire que tout le monde est frappé de la même façon.

Ces rentrées supplémentaires serviront-elles au moins à améliorer les services publics ou à aider ceux qui sont dans le besoin? Pas le moins du monde. La subvention fédérale aux caisses de maladie doit, en 2007, être réduite de 2,7 milliards... avant d'être entièrement supprimée. Il en ira de même pour les subventions versées aux caisses de retraite. Dans le cadre de la régionalisation des chemins de fer, les subventions doivent être également réduites, ce qui ne pourra que se traduire par une augmentation des tarifs.

Par exemple, les recettes résultant de l'augmentation de la TVA seront affectées pour les deux tiers à la réduction du déficit budgétaire, ce qui revient à faire payer à la population ce déficit creusé par la politique de subventions au patronat du gouvernement Schröder. Pour l'autre tiers, elles permettront de baisser le taux des cotisations d'assurance chômage, et donc d'abaisser pour le patronat le coût de la main-d'oeuvre.

Et ce n'est pas fini. Dans l'accord de gouvernement conclu entre la CDU et le SPD, il est prévu à partir de 2008 une baisse de l'impôt sur les entreprises. Le magazine Der Spiegel vient de révéler que le ministre des Finances Peer Steinbrück (SPD) envisageait d'abaisser le total des impôt sur les entreprises (impôt sur les sociétés, taxe professionnelle et taxe spéciale de solidarité), de 38% aujourd'hui, à seulement 29%.

Quant à Horst Köhler, le président de la République (CDU) qui était invité, le 22 mai, au congrès de la centrale syndicale DGB, il a réclamé que les rentrées fiscales supplémentaires servent à abaisser encore plus le «coût du travail». Et il en a profité pour féliciter le DGB pour sa «politique salariale responsable» au cours des années passées!

Voilà comment, et avec quel cynisme, la droite et la gauche allemandes gouvernent ensemble au profit des possédants.

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