La mort d’Édouard Michelin : Le patron change, l’exploitation continue31/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1974.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La mort d’Édouard Michelin : Le patron change, l’exploitation continue

À Clermont-Ferrand et dans la région, l'annonce de la mort accidentelle d'Édouard Michelin au cours d'une sortie en mer en Bretagne a surpris. Mais l'émotion dont parlent tant les journalistes se trouve du côté de ses semblables: patrons, gros commerçants et notables. Pour les travailleurs, ce sera la continuité des conditions de travail et de salaire.

Le décès annoncé, la direction n'a pas perdu de temps pour annoncer la couleur: c'est Michel Rollier, le seul cogérant en place, et depuis peu d'ailleurs, qui tient la barre et devient le patron.

S'il ne porte pas le nom de Michelin, il en est très proche. C'est un cousin du disparu, et son père, François Rollier, cousin germain de François Michelin, fut longtemps cogérant. On voit que l'entreprise ne quitte guère le giron familial.

Michel Rollier a déclaré sans détour qu'il va «assurer la continuité de la direction».

Il n'y aura donc rien de changé quant à la suppression des postes et aux fermetures programmées d'ateliers ou d'usines; ni au refus d'augmenter décemment les salaires alors que les bénéfices explosent: plus de 900 millions d'euros en 2005.

Maintenant, on entend les louanges sur Édouard Michelin, dont on nous dit qu'il était un patron ouvert, sachant communiquer, et qui aurait modernisé l'image de Bibendum. Les notables, les élus et les médias qui colportent ces clichés oublient vite que c'est très loin de la réalité pour les travailleurs.

Au moment où il devint le n°1, fin 1999, Édouard Michelin avait osé annoncer le même jour des bénéfices records et 7500 suppressions d'emplois. Cela avait fait scandale et déclenché une grève. Jospin, alors Premier ministre, avait avoué piteusement qu'il ne pouvait rien faire.

Et tout récemment, c'était la fermeture d'usines: en Angleterre, à Poitiers, au Canada, avec des milliers d'emplois supprimés et des centaines de licenciements. Ou encore à l'usine de Roanne, dans la Loire, où les ouvriers viennent de faire une semaine de grève pour protester contre la mise en place d'horaires encore plus contraignants et l'augmentation de la production alors que 46emplois sont supprimés.

«Un grand patron» disparaît, disent les journaux. Pour les travailleurs, ce n'était qu'un exploiteur, qui est aussitôt remplacé par son semblable, auquel ils devront faire face.

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