Plans "sociaux" : Bilan d'un été pourri pour les salariés02/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1883.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Plans "sociaux" : Bilan d'un été pourri pour les salariés

Comme à chaque fois, mais peut-être plus encore cette année, il n'y a pas eu de trêve dans l'offensive patronale contre les salariés. Parmi les multiples mauvais coups patronaux, les travailleurs ont perdu leur emploi à Ronal ou encore chez Snappon, fabricant de joints d'étanchéité pour l'automobile installé à Chartres. Les travailleurs de Snappon ont vu les lignes de production déménagées sous la protection des CRS et de la police, comme à STMicroélectronics à Rennes. Des patrons, de plus en plus nombreux, exercent un véritable chantage au chômage pour imposer la remise en cause des accords sur les35 heures et baisserles salaires.

Début juillet, Bosch, trust international d'équipement automobile, largement bénéficiaire, qui possède une usine dans la banlieue lyonnaise, a été parmi les premiers à lancer l'offensive. Prétextant la menace d'une délocalisation en République tchèque, il a imposé aux 820 salariés de travailler non plus 35, mais 36 heures par semaine pour le même salaire à partir de 2005. Ils perdent six jours de RTT par an ainsi qu'un pont et un jour férié. Le patron a aussi imposé un gel des salaires de trois ans, aboutissant à une réduction de 12% du salaire horaire.

SEB, leader mondial du petit électroménager, qui possède notamment deux usines dans les Vosges, a annoncé son intention d'y porter le temps de travail à 38 heures, en maintenant la flexibilité des horaires. Dans le même temps, la direction compte supprimer dans les années à venir 157 emplois sur 600 dans cette région, sous prétexte de concurrence avec la Chine où le groupe possède une usine. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que la fortune de la famille Lescure, qui possède 36% de SEB, va encore augmenter.

Dans le sud de l'Allier, à Saint-Yorre, les travailleurs sont, eux aussi, confrontés au même chantage alors que le taux de chômage dépasse déjà les 13% dans la région, le patron se dit prêt à renoncer à fermer l'usine et à transférer une partie de la production dans ses filiales au Brésil et en Chine, si les salariés de Sediver acceptent une baisse de salaire de 25 à 30%. Et encore n'accepterait-il de maintenir que 150 emplois sur les 294 existants. Ce qui ne l'a pas empêché de demander une aide publique de six millions d'euros!

Le patron de Ronzat, entreprise de carrelage de Châlons-en-Champagne dans la Marne, veut revenir aux 39 heures, payées 36, après avoir déjà "suspendu" la participation.

Chez Cattinair, en Franche-Comté, entreprise spécialisée dans le dépoussiérage industriel, les ouvriers ont refusé la proposition de leur patron de passer de 35 à 37 heures hebdomadaires (soit près de 6% de temps de travail en plus) contre une augmentation salariale de 2%. Cela signifierait pour eux travailler 120 heures de plus dans l'année et perdre 22 jours de RTT contre quelques euros par mois.

Durant l'été, le groupe Doux, leader européen de la volaille, a annoncé successivement la suppression de 300 emplois avec la fermeture d'un abattoir en Bretagne et la suppression de 23 jours de RTT pour 3500 salariés sur les 6500 employés en France: ils vont travailler 35 heures par semaine (au lieu de 39 heures jusque-là) mais vont perdre trois semaines de congés. De plus la direction a décidé de ne plus payer les deux heures et demie de pauses obligatoires par semaine. Les salariés, pour la plupart payés au smic, vont perdre ainsi 500 euros par an.

À l'usine Solectron de Canéjan en Gironde qui emploie 1200 salariés et des centaines d'intérimaires, la direction a modifié l'accord sur les 35 heures pour pouvoir imposer 40heures hebdomadaires. Cette mesure ne devrait durer que du 12 juillet au 2 octobre et ne concernerait qu'une partie des travailleurs, en principe volontaires. Mais dans le contexte actuel, cela risque fort d'ouvrir la porte à de nouvelles attaques, alors qu'un plan de licenciements était déjà intervenu en 2003.

En cette rentrée, Raffarin a confirmé sa solidarité avec le patronat. Comme si c'était nécessaire! "Nous faisons partie des pays où le nombre d'heures travaillées, rapporté à la population, est trop faible" a-t-il déclaré. Il propose donc d'accroître la pression sur ceux qui ont encore un travail "pour permettre à ceux qui le souhaitent de travailler un peu plus dans la semaine, dans l'année, dans la vie".

Dans nombre de ces entreprises, il y a un chantage à la suppression d'emplois et à la délocalisation; dans d'autres il y a à la fois des licenciements et une augmentation de la durée du travail pour ceux qui restent. À chaque fois, le but est d'augmenter les bénéfices en réduisant la part destinée aux salaires.

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