Incendie de Saint-Denis : Ils s'en lavent les mains02/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1883.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Incendie de Saint-Denis : Ils s'en lavent les mains

À la suite de l'incendie qui a causé la mort d'une fillette de 6 ans et de son père à Saint-Denis, le 17 août dernier, dont nous avons parlé la semaine dernière, le ministre de l'Industrie Patrick Devedjian a reçu les maires de Seine-Saint-Denis, le président du Conseil général et le PDG d'EDF Roussely. L'incendie s'étant déclaré parce que la famille privée d'électricité pour factures impayées s'éclairait avec une bougie, le maire de Saint-Denis s'en était pris à juste titre à la direction d'EDF, rappelant qu'elle multipliait les coupures de courant pour des factures impayées. Devedjian couvrit la direction d'EDF, déclarant qu'elle s'était montrée "à la hauteur". Pour le reste, rien n'a été décidé pour qu'un tel drame ne se reproduise pas. Tout au plus Devedjian a-t-il préconisé qu'EDF communique aux services sociaux le nom des personnes en situation précaire qui ne payent pas leur facture.

Renvoyer la balle aux services sociaux, c'est la politique d'EDF depuis des années. En cas de facture non réglée, si EDF juge que l'usager est de bonne foi, un service réduit est mis en place. 3000 watts d'abord, puis 1000 watts. À charge pour l'usager de prendre contact avec les services sociaux et d'obtenir d'eux une aide financière. Un fonds de solidarité, alimenté par les communes, les départements, les Caisses d'allocations familiales, EDF et l'État, a été mis en place à cet effet. Ce système a montré, depuis dix ans qu'il est instauré, qu'il n'empêchait pas les drames. À Saint-Denis, il y a sept ans, deux fillettes étaient mortes dans des circonstances identiques. Bien des familles sont étranglées par les factures qui tombent de partout et doivent faire des choix, entre le loyer, l'électricité, la nourriture, les habits pour les enfants... Les services sociaux sont surchargés, les fonds pour parer à toutes sortes de difficultés sont insuffisants.

Il est scandaleux que la direction d'EDF, après avoir mis en place le service réduit et dit aux usagers de contacter les services sociaux, se sente dédouanée de toute responsabilité et puisse décider de couper le courant à des familles dans le besoin. En France, l'électricité n'est pas une denrée rare. Il y en a même trop et EDF en vend à l'étranger. Il y aurait largement de quoi éviter les situations dramatiques comme celles-là.

Lors de la réunion de Bobigny, le ministre et le PDG d'EDF ont rappelé qu'à partir du 1er janvier prochain un tarif social devrait bénéficier à 1,6 million de foyers. Le fait que ce tarif, prévu dans une loi de l'année 2000, aura mis cinq ans à entrer en vigueur, montre l'indifférence des responsables en la matière. Rien n'est d'ailleurs certain, puisqu'on ne connaît encore ni le montant de ce tarif social ni les conditions pour y avoir droit. La seule décision prise -bien en deçà des besoins liés à la situation- a été d'augmenter le fonds de solidarité, ce qui n'est qu'un léger rattrapage puisque la participation de l'État avait diminué ces dernières années.

Les associations, les organisations politiques et syndicales qui ont manifesté le vendredi 27 août devant le local d'EDF à Saint-Denis ont mis en avant comme revendication: l'arrêt des coupures de courant pour impayés. Elles n'ont pas été reçues par la direction d'EDF. Celle-ci avait fait baisser le rideau de l'agence une heure avant, plus déterminée quand il s'agit de couper le courant que pour affronter ceux qu'indigne sa décision.

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