Les salaires des PDG indexés sur les services rendus aux actionnaires02/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1883.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les salaires des PDG indexés sur les services rendus aux actionnaires

Le magazine Challenge vient de publier la liste des cent patrons les mieux payés de France, incluant les rémunérations fixe et variable ainsi que les jetons de présence. En tête arrivent Lindsay Owen-Jones, le PDG de L'Oréal, qui a touché plus de 6,5 millions d'euros en 2003, augmentant son salaire d'un tiers en trois ans, Edouard Michelin (4,270 millions d'euros), suivis de Bernard Arnault (LVMH - 3,750 millions) et d'Antoine Zacharias (Vinci - 3 millions).

Peu de changements pour les têtes de liste, depuis qu'une loi votée il y a trois ans a rendu cette publication obligatoire. En revanche, la plupart des patrons de cette liste ont augmenté confortablement leurs rémunérations, et la moitié d'entre eux dépassent le million d'euros annuels.

L'écart entre ce qu'ils gagnent et ce que touchent la majorité des salariés est d'autant plus choquant que ces mêmes patrons, chargés par les actionnaires d'assurer la rentabilité des entreprises qu'ils dirigent, imposent un quasi-blocage des salaires. Mais cet écart n'est rien en regard du fossé existant entre les revenus des travailleurs, bien souvent insuffisants pour leur permettre de vivre décemment, et ceux des actionnaires qui s'enrichissent en faisant main basse sur les bénéfices des entreprises.

Si les PDG des grandes entreprises touchent de tels salaires, c'est bien avant tout parce que les entreprises qu'ils dirigent, affichent des profits records, et que les membres des conseils d'administration entendent ainsi les récompenser de ce qu'ils pensent être leur "bonne gestion". Les bilans que les entreprises publient chaque semestre font d'ailleurs état d'une augmentation importante de leurs bénéfices, tout comme le cours de leurs actions en Bourse, même s'il y a parfois des dents de scie.

Mais indépendamment des PDG, qui sont interchangeables, c'est tout le système qui veut que la gestion des entreprises conduise à les rendre toujours plus rentables, afin de séduire les actionnaires, car une société dont le cours des actions baisse sensiblement en Bourse se trouve exposée à une OPA plus ou moins amicale. Et pour augmenter la rentabilité, le plus simple est une exploitation accrue des travailleurs; en licenciant une partie du personnel, ce qui augmente par conséquent la charge de travail de ceux qui restent, et en bloquant les salaires. Et plus les conditions de travail et de salaire des travailleurs se dégradent, plus les actionnaires peuvent se réjouir de la "bonne santé" des entreprises dans lesquelles ils ont placé de l'argent.

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