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Leur société
Parlement européen : La privatisation mise à toutes les sauces
Du 4 au 7 juillet, le Parlement européen était en session plénière à Strasbourg. Mardi 5, la journée a été marquée par la présence de Chirac, inaugurant les six prochains mois de présidence française, fanfaronnant par avance sur le bilan qu'elle devrait présenter dans six mois. Etaient venus pour l'occasion (et la photo !) certains députés européens surtout connus pour leur absentéisme, tandis que les trois députées de Lutte Ouvrière, Arlette Laguiller, Armonie Bordes et Chantal Cauquil, présentes au Parlement ce jour-là, ont choisi de ne pas se rendre dans l'hémicycle au moment où Chirac y parlait.
Au menu de cette session, il y avait comme toujours de nombreux sujets. Un rapport mis au vote entendait accélérer la libéralisation des marchés de l'énergie. Le rapporteur y expliquait que " lorsqu'un accident de train se produit au Royaume-Uni, on en conclut rapidement qu'il s'agit d'une conséquence de la privatisation des chemins de fer britanniques. La privatisation irait à l'encontre de la sécurité. Cet argument n'a aucun sens ". Pour conclure : " On peut avoir confiance en la libéralisation ". Le tout, c'est d'y croire ! Les trois députées de Lutte Ouvrière ont évidemment voté contre ce rapport en soulignant notamment que " l'unification de la production et de la distribution de l'énergie à l'échelle de l'ensemble de l'Union européenne, la planification et la rationalisation de l'une comme de l'autre, pourraient être un progrès mais à la condition que l'ensemble reste un service public exclusivement préoccupé par la satisfaction des besoins, et pas par la maximalisation du profit privé ".
Deux autres rapports proposaient d'accélérer la privatisation des chemins de fer. Nos camarades ont également voté contre. La plupart des amendements qui composaient ces textes ont été adoptés, sans surprise, par la droite et la grande majorité des socialistes européens.
Les représentantes de Lutte Ouvrière ont également voté contre un projet prônant la création d'un " ciel unique européen ". Car, derrière cette expression, il s'agissait d'ouvrir la voie à la privatisation du contrôle aérien. Arlette Laguiller s'est fait, à cette occasion, l'interprète des contrôleurs aériens, soulignant avec eux qu'" il est de l'intérêt des usagers et de leur sécurité comme de l'intérêt des travailleurs de ce secteur que le contrôle aérien reste un service public, avec la vocation exclusive d'assurer le bon déroulement du trafic aérien ". En réponse, la vice- présidente de la Commission européenne, en charge du dossier, a évacué le problème, prétendant que le débat privatisation-nationalisation n'était plus de mise. Elle s'est cependant lancée dans un éloge pas si courant du travail des contrôleurs aériens ; une façon de faire avaler la pilule d'une amorce de privatisation.
Enfin, parmi les questions d'urgence, il était évoqué le sort tragique des 58 immigrés retrouvés morts dans un camion à Douvres. Nos camarades ont voté la résolution proposée par le groupe auquel elles sont rattachées, la Gauche Unitaire Européenne (qui regroupe les Partis Communistes d'Europe et des Verts de gauche, originaires des pays du nord de l'Europe), en soulignant que " le drame de Douvres s'est produit entre deux pays de l'Europe. Les barbelés qu'on est en train d'installer autour de l'Union européenne subsistent même à l'intérieur pour les ressortissants des pays tiers. Et ces barrières peuvent tuer ", dénonçant " la politique du gouvernement français qui [...] refuse de régulariser 65 000 travailleurs immigrés devenus des sans-papiers à la suite de lois iniques " dont " nous [les députées LO] exigeons " la " régularisation immédiate ".
Le Parlement européen s'intéresse surtout au sort des entreprises capitalistes. Plusieurs rapports (sur la Banque centrale européenne, sur le blanchiment des capitaux, sur l'euro) étaient là pour le rappeler. D'autres rapports, notamment sur la formation professionnelle ou la santé et la sécurité des femmes enceintes ont reçu le soutien des représentantes de LO. Sur ce dernier point, elles ont cependant souligné qu'il est " déplorable que le rapport ne propose même pas d'aligner dans tous les domaines les avantages et les droits sur les pays où ils sont les plus favorables aux femmes enceintes qui travaillent ", tout en indiquant : " Nous ne voulons pas que notre vote en faveur de la protection spécifique, pendant leur grossesse, des femmes travaillant la nuit puisse être interprété comme la reconnaissance de la légitimité du travail de nuit des femmes. Nous tenons, au contraire, à réaffirmer notre opposition au travail de nuit, quand ce n'est pas socialement utile, non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes. L'interdiction du travail de nuit des femmes était un acquis du mouvement ouvrier en France. Revenir là-dessus est une régression sociale ".