Crédit Lyonnais : Arnaque aux 35 heures14/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1670.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Crédit Lyonnais : Arnaque aux 35 heures

Au Crédit Lyonnais, trois syndicats (SNB-CGC, FO et CFTC) viennent de signer avec la direction un accord sur la réduction du temps de travail (loi Aubry).

Le PDG s'en est réjoui ostensiblement. Il considère que ces trois syndicats sont majoritaires, ce qui va lui permettre d'empocher les subventions de l'Etat. La CFDT et la CGT, quant à elles, vont contester en justice. C'est devenu à la mode, du côté syndical, de mener des actions... juridiques, et de n'appeler le personnel à aucune action.

La propagande patronale a mis l'accent sur les embauches que cet accord aurait permises. Elle parle de 700 créations d'emplois pour cette année. Mais, alors que la banque diminue le temps de travail de 7 %, le taux d'embauche n'est que de 3 %. La différence, c'est le patron qui va l'empocher, sous la forme de " productivité accrue ". Traduction : de conditions de travail aggravées pour le personnel.

Dans ces 700 emplois, la direction amalgame les emplois réellement créés (au nombre de 450) et les emplois " préservés " (250).

450 emplois, c'est le chiffre relevé par les syndicats depuis plusieurs mois des postes " non couverts " (qui figurent à l'organigramme officiel, mais que personne n'occupe en réalité). Ces embauches étaient devenues nécessaires pour la direction, qui a besoin de jeunes pour préparer la relève. D'ailleurs, depuis deux années, elle a déjà recruté entre 500 et 1 000 jeunes.

La direction présente donc comme une conséquence de la loi Aubry des embauches qu'elle avait déjà décidé de faire !

Quant aux emplois dits " préservés ", tout le monde sait que c'est " du pipeau ". La direction avait déjà fait le coup en 1997, pour mettre en place la RTT loi de Robien. Soit dit en passant, la direction demande la prorogation de ce système, qui concerne aujourd'hui 6 000 collègues (dans les centres de traitement administratif). Elle compte bien profiter ainsi à nouveau des aides de l'Etat, alors même qu'elle étale des bénéfices considérables.

En fait, cette prétendue " préservation ", dans les centres en question, n'a nullement empêché la direction d'y diminuer les effectifs, car les départs dits " naturels " (retraites, démissions, mutations) ne sont pas remplacés. Ainsi, dans les UAC, les conditions de travail, c'est la course tout le temps. Dans les Centres d'Opérations avec l'Etranger, où les effectifs étaient soi-disant " adaptés ", il a suffi d'un changement de traitement informatique, qui a été suivi du passage à l'euro, pour que le surcroît de travail explose. Plus de cinquante intérimaires ont dû être employés en renfort pendant plus d'un an.

Le nouvel accord sur les 35 heures, qui ne s'appliquera pas aux secteurs en 33 heures sur quatre jours (RTT de Robien), va permettre aux banquiers de bénéficier de subventions. La direction table sur 100 millions de francs.

Concernant la diminution du temps de travail, la direction s'est calée sur la deuxième loi Aubry : 1 600 heures travaillées dans l'année, flexibilité et même annualisation (notamment dans les agences situées dans des régions touristiques : on travaillera beaucoup l'hiver à Courchevel et l'été sur la Côte d'Azur). Nous avions, dans la banque, des jours de congé plus nombreux que dans bien des secteurs. Les banquiers en profitent pour nous les reprendre, en appliquant le calcul du " temps de travail effectif " selon les prescriptions d'Aubry. La direction a écarté d'emblée toute réduction journalière des horaires. Au lieu de 24 jours de congés supplémentaires, elle n'en lâche que 14. Et l'on trouve des dirigeants syndicaux pour cautionner ça ! L'accord signé est un accord-cadre, qui va être appliqué ensuite secteur par secteur. Mais d'ores et déjà, quand on voit, dans la plupart des services et des agences, la difficulté qu'il y a déjà pour pouvoir prendre ses congés annuels, il y a fort à parier que la prise des jours de RTT va être problématique. Aussi la direction propose... de les placer sur un compte épargne-temps, et de les prendre... à la Saint-Glin-Glin. Cet accord est un leurre qui ne règle ni le problème d'une réelle réduction du temps de travail, ni celui de l'emploi. Les banquiers ont déjà annoncé que les effectifs vont continuer à baisser.

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