n°1670 du 14/07/2000

L’éditorial

Pénurie de main-d'oeuvre ? Le patronat veut imposer des salaires plus bas et davantage de précarité

Alors qu'il y a encore officiellement au moins 2,5 millions de chômeurs, on entend de plus en plus souvent évoquer ce que les patrons appellent une " pénurie de main-d'oeuvre ". L'INSEE, dans une note où il déclare par ailleurs que " l'économie française tourne à plein régime ", signale ainsi que " 43 % des sociétés françaises éprouvent des difficultés de recrutement ".

Ce retrournement spectaculaire de situation serait dû à la diminution du chômage enregistrée ces derniers temps. On peut certes penser que, dans cette baisse claironnée mois après mois, tout n'est pas uniquement dû aux manipulations statistiques, qui de toute façon existent depuis déjà longtemps. Mais de là à présenter les choses comme si désormais les chômeurs n'avaient qu'à pousser les portes de l'ANPE pour rencontrer les patrons prêts à se battre pour les embaucher, il y a une marge que n'hésitent pas à franchir certains commentateurs ! Pourtant, selon les propres chiffres du ministère de l'Emploi, il n'y a vraiment que dans les secteurs de l'informatique et de l'hôtellerie qu'il y a plus d'offres d'emplois que de demandes. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, le bâtiment. Mais les effets de la tempête y sont pour quelque chose. Ailleurs, dans les grosses branches que sont la métallurgie, l'électricité ou les emplois de bureau, ce n'est pas du tout le cas.

n°1670

14/07/2000