NSC Guebwiller : Fin de la grève - une lutte qui en prépare d'autres14/07/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/07/une-1670.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

NSC Guebwiller : Fin de la grève - une lutte qui en prépare d'autres

Lundi 19 juin, les salariés de l'entreprise NSC à Guebwiller dans le Haut-Rhin, entreprise métallurgique de 780 salariés, se sont mis en grève pour réclamer une augmentation des salaires de 500 F par mois. Après un lundi 26 juin difficile pour la grève, l'attitude provocante des cadres relançait le mouvement le 27 juin.

L'offensive, ratée, des cadres avait donné envie à tous de s'y remettre. Ce jour-là, une cinquantaine d'ouvriers partirent vers la préfecture de Colmar, en opération escargot, drapeau rouge en tête. D'autres, le lendemain, allèrent s'adresser aux ouvriers de l'entreprise voisine, Behr-France (1 500 salariés) où ils furent chaleureusement reçus et organisèrent une collecte. Dans le même temps, la CGT de Peugeot-Mulhouse popularisait cette grève par tract dans l'usine et organisait une collecte.

Le mercredi 28 juin, les cadres recommençaient le cinéma de la veille, manifestant avec la CFTC devant les piquets de grève en scandant : " On veut travailler ". L'un d'eux, portant deux baffles de sono de chaque côté de la tête comme de grandes oreilles, récolta le surnom de Mickey. Bref, l'ambiance était bonne, la " work-parade " des cadres y contribuant nettement.

Mais, comme la semaine précédente, les syndicats CFDT et FO recommençaient leur travail de sape : " Il faut reprendre. On ne tiendra plus longtemps. Les gens en ont marre. Il faut baisser les revendications et demander une prime annuelle de 3 000 F ". L'intersyndicale décida de soumettre la question au vote le lendemain.

Le jeudi 29 juin, comme les jours précédents, d'un côté de la rue, les cadres, Mickey en tête, et la CFTC qui voulaient travailler, de l'autre les ouvriers grévistes. La CGT prit position pour les 500 F et la continuation de la grève. Mais FO et la CFDT embrouillèrent les choses et parlaient de 3 000 F, mais sans dire si c'était annuel ou exceptionnel et sans parler d'arrêt ou de continuation de la grève. En fait tout le monde crut qu'il s'agissait d'une prime de 3 000 F annuelle... c'est-à-dire 250 F par mois, alors que ce n'était pas le cas.

La grande majorité, voyant bien que la CFDT et FO ne voulaient pas continuer la lutte, se découragea et vota pour la prime proposée par la CFDT. A partir de là, des négociations surréalistes eurent lieu de part et d'autre de la rue, un avocat faisant la navette entre les deux parties. La direction céda 2 000 F. Tout le monde crut encore qu'il s'agissait de 2 000 F annuels et la CFDT et FO s'employèrent à accréditer l'arnaque. La confusion permit aux dirigeants CFDT d'annoncer bien haut : " La grève est finie, on reprend ". Et pinces en mains, ils coupèrent les chaînes, permettant aux cadres de rentrer et entraînant la majorité des grévistes. Quelques-uns ne reprirent que le lendemain et d'autres le lundi.. Mais la grève était bel et bien finie.

En fait les grévistes, devant la fermeté de leur patron, et voyant que les syndicats CFTC, FO et CFDT ne voulaient pas de cette grève, ne se sentaient pas de continuer dans ces conditions.

Finalement la direction aura cédé une prime exceptionnelle de 2 000 F brut et une prime annuelle de 650 F brut. Ce n'est certes pas mirobolant mais les ouvriers de NSC sont contents de la grève et lorsque la CFDT et le patron se mirent d'accord pour faire récupérer les jours de grève, les ouvriers ont refusé.

Cette grève est la plus importante qu'ait connue l'usine depuis Mai 1968. Les grévistes ont rencontré autour d'eux, dans la population, chez les salariés des autres entreprises, chez les commerçants la sympathie qui s'est traduite par des visites aux piquets, des dons et des collectes. Ils ont conscience d'avoir montré leur force. Aussi, comme le disait un tract de la CGT intitulé " CE N'EST QU'UN DEBUT ", " si nous savons continuer de faire vivre la solidarité affirmée dans la grève, si nous tenons l'engagement pris, entre grévistes, de nous assister mutuellement, alors rien ne sera plus comme avant et c'est là notre plus grande victoire ".

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