n°2163 du 15/01/2010

L’éditorial

Leur république n'est pas celle des travailleurs

La mort de Philippe Séguin a donné lieu à un festival d'éloges, pour expliquer que c'était un « vrai républicain », formulé par des gens qui se prétendaient aussi des « vrais républicains ». Encore heureux que, parmi les hommes qui gouvernent le pays, personne n'ose se prétendre royaliste ou bonapartiste ! Mais qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui, républicain, dans un pays où toutes les décisions politiques sont prises en fonction des seuls intérêts d'une petite minorité de gros possédants ? Que signifient les prétendues valeurs de la république dont on nous rebat les oreilles ? Qu'est ce que la liberté, l'égalité et la fraternité, en dehors de trois mots vidés de leur sens, gravés sur tous les bâtiments publics ? Où est la liberté, pour ceux que la simple décision d'un conseil d'administration peut transformer en chômeurs, peut par voie de conséquence priver de leur maison, dont elle peut briser la famille, et tout cela dans le seul but de permettre aux actionnaires de continuer à encaisser des dividendes aussi plantureux malgré la crise ?

Où est l'égalité, quand l'État distribue des milliards aux grandes entreprises (et à leurs actionnaires) et déclare qu'il n'est pas possible d'augmenter le smic de plus de 0,5 % sur l'année ? Où est la fraternité, quand des hommes meurent de froid sur des trottoirs gelés, parce qu'il y aurait en France, selon la fondation Abbé-Pierre, 100 000 sans-abri et 3,5 millions de très mal logés, alors que la presse annonce fièrement que, pour 20 000 à 40 000 euros la semaine, on peut désormais louer une suite dans un cinq-étoiles à Courchevel ?

n°2163

15/01/2010

Leur société