Retraites : Attaque annoncée après les élections13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Attaque annoncée après les élections

Au mois de juin, Sarkozy l'avait déclaré : il y aura un grand rendez-vous « social » concernant les retraites à la mi-2010. Il vient de le répéter à l'occasion de ses voeux pour la nouvelle année.

La mi-2010, ce sera juste après les élections régionales et largement avant la prochaine élection présidentielle, de façon à éviter qu'on en parle de trop dans l'une comme dans l'autre. En outre, il sera possible au gouvernement de profiter des vacances d'été pour faire passer plus facilement un mauvais coup. Ce serait donc une « fenêtre » idéale pour attaquer les retraites.

Quant à ses intentions, Sarkozy a déclaré : « Il faudra que tout soit mis sur la table, l'âge de la retraite, la durée de cotisation, et la pénibilité. » Autrement dit « tout » est menacé !

Fort opportunément l'IFOP vient de réaliser un sondage publié à la une du Journal du Dimanche, le 10 janvier. Il y apparaît que, si 76 % des personnes interrogées craignent une retraite insuffisante, et si 41 % préféreraient cotiser plus pour partir plus tôt, 62 ans serait l'âge où la majorité accepterait de quitter le travail.

Or justement le Medef, tout comme le gouvernement, souhaite repousser l'âge de départ légal à la retraite. Cela fait des années que les politiciens et les médias nous rebattent les oreilles sur le fait qu'il y a de moins en moins d'actifs au travail, que l'espérance de vie et le nombre des retraités augmentent et qu'il faudra bien se résoudre un jour à partir à la retraite plus tardivement. Et le sondage IFOP-JDD va exactement dans ce sens.

Personne ou presque ne fait remarquer qu'il est de toute façon absurde de faire partir plus tard des travailleurs à la retraite alors qu'il y a de trois à cinq millions de chômeurs, selon qu'on tient compte des chiffres officiels ou de la réalité.

Et, qui plus est, les travailleurs âgés sont justement ceux qui ont le plus de mal à se faire réembaucher après avoir perdu leur emploi. On licencie les seniors tout en prétendant les faire travailler plus longtemps.

Les différents leaders des principaux syndicats, interrogés notamment par le JDD, se montrent tous plus ou moins résignés à un recul sur la question de la retraite. Ils discutent de la pénibilité à prendre en compte, de la nécessité d'employer davantage les seniors, etc. Mais aucun ne dit qu'il serait hors de question d'accepter un quelconque recul. Et aucun ne dit que, si le problème existe, c'est qu'il est dû d'abord au patronat et que celui-ci a les moyens de le résoudre.

Et, alors qu'on prétend « tout mettre sur la table », un sujet n'est jamais abordé, celui de la productivité. Les progrès de la productivité du travail ont été énormes ces dernières années, même si celle-ci n'est pas très facile à calculer. L'Insee, Institut national de la statistique, divise le total de la valeur ajoutée par le nombre d'heures de travail. Cela pour l'industrie, comme pour chacune des branches de l'économie. Ainsi, selon lui, la productivité industrielle a progressé en seulement dix ans, entre 1998 et 2007, de 47 %.

En dix ans, l'industrie avec le même nombre de travailleurs a fourni presque la moitié de production en plus. Et si on ajoute à ces gains de productivité tous ceux des décennies antérieures (souvent plus élevés) on peut en conclure que, même en tenant compte du nombre des chômeurs et des retraités, on devrait partir à la retraite non pas plus tard, mais plus tôt.

En fait, les gains de productivité réalisés par des travailleurs qui s'échinent à produire ont été confisqués par ces mêmes capitalistes qui viennent affirmer la main sur le coeur qu'il faut partir plus tard à la retraite.

Si la prétendue réforme réussit à passer, en fait on ne partira sans doute pas plus tard, on partira peut-être même plus tôt, sous la pression des employeurs voulant se débarrasser des travailleurs les plus âgés. Mais on partira avec des pensions de retraite qui auront fondu encore davantage.

Ce qui en définitive est le seul but du gouvernement et du Medef, soucieux de se débarrasser de ce qu'ils considèrent comme des « charges ».

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