Le NPA et les «décroissants» : Vers des listes communes ?13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le NPA et les «décroissants» : Vers des listes communes ?

Samedi 9 janvier, un communiqué commun était publié par le NPA et par le MOC (Mouvement des objecteurs de croissance), appelant à la « convergence de la gauche anticapitaliste et antiproductiviste et de l'écologie radicale ». Ce communiqué appelle à un « regroupement pour les élections régionales » du NPA et des organisations se réclamant de « l'antiproductivisme » - c'est-à-dire le courant de la décroissance.

De telles alliances ont déjà été constituées dans les faits : en Bretagne par exemple, une liste a été présentée fin décembre, conduite par une militante du NPA et intégrant des militants du Mouvement des objecteurs de croissance. Si l'on en croit le communiqué du NPA, de telles alliances devraient se multiplier, du moins dans les régions où le NPA n'est pas déjà engagé dans une « démarche unitaire »... avec le PCF et le Parti de gauche. En Languedoc-Roussillon par exemple, un accord est déjà signé, depuis le 7 janvier, entre le NPA et le Front de gauche.

Après les désaccords qui se sont manifestés au sein du NPA à propos des alliances aux élections régionales, la « synthèse » entre les différentes positions avait abouti à ce que chaque région mène sa propre politique.

Mais la publication sur le site national du NPA de ce communiqué de « convergence » avec les décroissants prouve aussi que la direction de ce parti a plus envie de mettre en avant les thèmes « écosocialistes », selon un terme qui lui est cher, que la défense des intérêts des travailleurs broyés par la crise.

Certes, le communiqué contient quelques phrases sur « le recul des droits sociaux » et « les licenciements, le chômage et la précarité » qui « progressent ». Certes, il appelle les futures listes communes à « proposer une politique en faveur du monde du travail ». Mais on n'en saura pas plus sur cette « politique », ni sur son contenu, ni surtout sur les moyens qui permettraient de l'imposer, et notamment les luttes possibles du monde du travail.

Le texte revient en revanche amplement sur les thèmes chers aux « décroissants » : problèmes environnementaux mis sur le même plan que la catastrophe sociale ; appel à lutter contre « les logiques de productivité sans limite ». Sans compter une allusion pour le moins mystérieuse à s'élever contre « les indécences sur le sens même de nos vies ». Ce genre de formule ne voulant rien dire, elle n'est certes pas trop dangereuse, mais on ne peut pas en dire autant de la petite dose de protectionnisme et de patriotisme économique distillée par le communiqué, qui appelle à « ne pas laisser la gauche social-démocrate adapter nos régions au libre-échange européen ».

Selon le NPA et le MOC, il faudrait viser à mettre en place « un programme de rupture décliné en mesures régionales », et des « alternatives concrètes y compris dans les institutions ». À croire que les cosignataires de ce texte voient dans les « institutions », à la manière de bons réformistes, la possibilité de changer la société.

Enfin, on constate que le NPA s'est apparemment rallié à l'idée que les consommateurs, tous confondus, sont responsables des problèmes écologiques, puisque le texte appelle à « convaincre que la décroissance de (...) notre empreinte écologique nous amènera à revoir nos modes de vie ». À qui s'adresse cette phrase ? Qui se cache derrière ce « nous » ? Les 3,4 millions de ménages qui doivent aujourd'hui choisir entre se chauffer et s'alimenter correctement ? Les 3,5 millions de mal-logés ? Les 8 millions de personnes considérées comme en dessous du seuil de pauvreté ?

L'adhésion ainsi officialisée du NPA aux thèses de la décroissance marque un nouveau recul de ce parti sur le terrain des idées, car un tel programme ne pourra être d'aucune utilité pour les travailleurs victimes de la crise, qui ont bien plus besoin de perspectives de luttes sociales que de phrases ronflantes et culpabilisantes sur la réduction de leur « empreinte écologique ».

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