Guadeloupe : Succès de la manifestation du 9 janvier, poursuite de la mobilisation du LKP13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Succès de la manifestation du 9 janvier, poursuite de la mobilisation du LKP

Le LKP (Lyannaj kont pwofitasyon - Alliance contre la surexploitation) appelait à une grande manifestation samedi 9 octobre à Pointe-à-Pitre. Rappelons que ce collectif, qui regroupe 48 organisations syndicales, politiques et plusieurs associations, avait dirigé la grève générale de 44 jours du 20 janvier au 4 mars 2009.

Cette manifestation a été un succès incontestable en rassemblant plusieurs milliers de personnes, près de 10 000, dont une grande majorité de travailleurs. Elle était l'aboutissement d'une nouvelle campagne de mobilisation et de meetings organisée au cours des jours précédents suite à l'augmentation des prix des carburants.

En effet, l'État a augmenté les prix de l'essence et du gazole de 4 centimes le 1er janvier. Une première augmentation avait pris effet au mois de septembre.

Ces augmentations sont une violation des accords de fin de grève générale signés le 4 mars dernier. Ils prévoyaient en effet qu'aucune augmentation des carburants n'interviendrait tant qu'il n'y aurait pas d'étude réelle et de transparence sur la formation des prix des carburants en Guadeloupe. Voilà donc ce qui a accru la colère d'une grande partie de la population. Colère d'autant plus justifiée qu'une partie des accords signés le 4 mars 2009 ne sont pas respectés, comme le volet concernant l'augmentation de 200 euros.

L'accord prévoyait que seraient éligibles aux 200 euros d'augmentation tous ceux qui perçoivent moins de 1,4 fois le smic, hors primes et accessoires. Or l'État et les patrons ont inclus les primes et les accessoires, ce qui exclut des milliers de travailleurs qui auraient dû bénéficier de cette mesure. D'autre part, dans la procédure d'extension de l'accord, le ministère du Travail a supprimé l'article qui prévoyait qu'après trois ans la part de l'État dans ces 200 euros serait payée par les patrons. D'autres accords encore n'ont jusqu'à présent pas été respectés, en tout ou partie.

Et puis le sentiment général qui se dégage est que l'État et le grand patronat veulent se venger de la peur que la grève générale leur a causée, revenir petit à petit sur les avantages obtenus, saper l'influence du LKP et surtout dissiper le sentiment de victoire parmi les travailleurs après cette grève générale de janvier et février 2009

C'est dans ce contexte que l'augmentation des prix des carburants a causé un regain de colère. D'autant que la Sara (Société anonyme de raffinage des Antilles), dont Total est le principal actionnaire, venait de percevoir de l'État une enveloppe de 44 millions d'euros et en attend une autre de 50 millions pour soi-disant combler les pertes qu'elle aurait subies lors de la grève générale. Une grande partie de cet argent se retrouvera dans les caisses de Total, qui a réalisé un profit net de 15 milliards de dollars à l'échelle de l'ensemble du groupe en 2008. Un véritable scandale, à tel point qu'à un moment il a été à nouveau question de grève générale.

La « grève générale » n'a jamais été un mot d'ordre central du LKP ou de son porte-parole Élie Domota. Mais il est vrai que cette perspective se discutait ici et là. D'autant que les syndicats membres du LKP ont déposé un préavis de grève générale à compter du 9 janvier, pour couvrir par précaution les travailleurs qui auraient décidé de se mettre en grève dans un certain nombre d'entreprises.

Inquiet, le pouvoir a dépêché plus de 500 gendarmes supplémentaires sur l'île. Ils sont en faction devant certains grands centres commerciaux comme celui des Abymes ou de Baie-Mahault. Ils circulent dans des camions militaires remplis d'hommes dans la zone industrielle de Jarry et se postent aux croisements. Ils roulent aussi d'un bout à l'autre de l'île, craignant sans doute des barrages ou des blocages, sous l'oeil goguenard des travailleurs et de la population. Ces touristes très « spéciaux » ont même déclaré à certains qu'on leur avait dit qu'une « insurrection » se préparait en Guadeloupe !

Non, pour l'instant ce qui se prépare après le 9 c'est la poursuite de la mobilisation avec trois meetings du LKP, à Anse-Bertrand, Port-Louis et Petit-Canal, pour soutenir cette fois-ci les petits paysans dont on veut récupérer les terres. Le 20 janvier un grand meeting est prévu à Pointe-à-Pitre à l'occasion du premier anniversaire de la grande grève générale, suivi d'une semaine de mobilisation sous forme de meetings, débats, poursuite des assemblées générales dans les entreprises.

Pour sourire un peu, disons que, si l'heure n'est évidemment pas à « l'insurrection » sur l'île, elle n'est même pas, dans l'immédiat tout au moins, à une réédition des 44 jours de grève générale. Cependant la manifestation du samedi 9 a été une première réponse massive à la politique du gouvernement.

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