Le Front de gauche en meeting à Paris : Quel ancrage à gauche ?13/01/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2163.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Front de gauche en meeting à Paris : Quel ancrage à gauche ?

Les composantes du Front de gauche se sont finalement mises d'accord. Il était plus que temps, puisque le dimanche 10 janvier se tenait, au Palais des congrès, à Paris, le meeting d'ouverture de sa campagne.

En fait, la conclusion de cet accord était prévisible, et certainement prévue par les trois principales composantes de ce Front. La partie de bras de fer qui, jusqu'au dernier moment, les opposait publiquement se résumait à un marchandage en sous-main pour le partage des postes électifs.

Finalement, c'est le dirigeant du PCF Pierre Laurent qui conduira la liste en région Ile-de-France, tandis que le Parti de gauche de Mélenchon a obtenu la tête de liste dans quatre régions au lieu des trois qui lui étaient attribuées au départ. Christian Picquet, leader de la Gauche unitaire issue du NPA, conduira quant à lui la liste présentée dans la région Midi-Pyrénées.

Mais on aurait bien tort de croire que ce Front est un front sans rides. Tout d'abord parce que l'accord ne concerne que 16 régions sur 21. Si l'on met à part la Corse, où l'élection des 14 et 21 mars n'est pas celle d'un Conseil régional, mais d'une Assemblée territoriale, dans cinq régions les militants du PCF ont choisi de se présenter dès le premier tour avec le PS. Une autre exception notable est celle de la région Languedoc-Roussillon, où le PS ne présente pas de liste face à celle de Georges Frêche et où les élus sortants du PCF, dont l'ex-ministre « communiste » de Jospin Jean-Claude Gayssot, sont présents sur la liste de Frêche, tandis que d'autres représentants du PCF seront candidats sur une liste allant de membres du PCF refusant ce choix jusqu'au NPA.

En dépit de ces accrocs, qui ne sont pas négligeables et qui font que ce Front de gauche n'a pas réussi à se présenter uni à l'échelle nationale, les orateurs du meeting du Palais des congrès se sont félicités du tour de force que représente l'unité qu'ils ont réussi à réaliser, porteuse, affirment-ils, d'une dynamique nouvelle. Et tous insistaient sur leur volonté de rester solidement « ancrés à gauche ». Mélenchon le premier, répétant qu'il n'était absolument pas question de s'acoquiner avec le modem.

Cela ne l'a pas empêché de déclarer qu'il n'était pas question de laisser des régions à la droite, ce qui suppose une alliance quasi automatique avec le PS au second tour. Ces deux engagements, s'il les prenait au sérieux, sont contradictoires. Comment affirmer en effet qu'il ralliera sans condition le PS et qu'il ne se commettra jamais avec le Modem ou avec Europe écologie ? Comment prétendre cela, alors qu'aucun des dirigeants du PS ne s'interdit une telle alliance ? Pire, certains d'entre eux déclarent en être de chauds partisans, prêts à pactiser avec les amis de Bayrou ou de Cohn-Bendit, impatients de rompre une alliance avec une gauche qu'ils considèrent en perte de vitesse.

Quant à la politique que pourrait mener une coalition avec le PS dans des futurs Conseils régionaux, elle fut à peine évoquée lors de ce meeting. Marie-George Buffet a certes fait allusion à « des fonds régionaux » destinés à préserver les emplois, sans même mettre en avant des exigences de contrôle et de garantie sur le financement des entreprises aidées par ces fonds.

Il n'y a donc là rien qui rompe avec la pratique passée des Conseils régionaux dirigés par le PS, qui savaient fort bien trouver de l'argent pour aider à fonds perdus des entreprises, sans pour autant préserver les emplois. Rien donc qui puisse convaincre de l'ancrage à gauche de ce Front de gauche et de ses futurs élus dans les prochains Conseils régionaux. Rien surtout qui puisse ouvrir des perspectives aux luttes que les travailleurs devront mener pour ne pas faire les frais d'une crise dans laquelle les capitalistes les ont entraînés, avec pertes et fracas.

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