Santé des femmes : un rapport sur l’usure au travail12/07/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/07/2867.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé des femmes : un rapport sur l’usure au travail

La délégation aux droits des femmes du Sénat a rendu mercredi 28 juin un rapport sur la santé des femmes au travail, constatant : « usure physique et psychique, troubles musculosquelettiques, cancers : les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore largement méconnues et minimisées. »

Le rapport montre d’abord que les statistiques spécifiques par sexe existent peu, ce qui est un problème car les politiques de prévention et de réparation des risques professionnels ont d’abord été pensées pour les hommes dans les secteurs des mines, de la chimie ou du BTP, et non pour les secteurs du soin ou du nettoyage où travaillent en grande majorité des femmes. De même, la reconnaissance des maladies professionnelles sous-estime celles des femmes, qui sont très exposées à l’usure physique et psychique tandis que les hommes sont davantage exposés à des dangers visibles et mortels, des accidents, des cancers spécifiques comme celui de l’amiante. Ainsi 96 % des cancers professionnels et 90 % des accidents du travail mortels touchent des hommes.

Les femmes ne sont pas moins exposées, mais elles le sont à d’autres dangers. Ainsi les troubles musculo- squelettiques (TMS) les affectent davantage mais se manifestent en différé. Ils font également l’objet d’une forte sous-déclaration. De même, les risques psycho- sociaux sont peu visibles. Le rapport met ainsi en exergue les professions du soin et du nettoyage, où quatre travailleurs sur cinq sont des travailleuses. Or, les professions du soin comportent souvent le port répétitif de charges dépassant la norme de 25 kg, des horaires atypiques ou des « exigences émotionnelles et organisationnelles fortes », avec des conséquences diverses pour la santé.

Ainsi le travail de nuit augmente d’un quart le risque de cancer du sein. Les professionnelles du nettoyage sont exposées, via les produits d’entretien, à sept agents cancérogènes en moyenne, 60 % des personnes atteintes de TMS sont des femmes. On compte trois fois plus de signalements de souffrance psychique chez les femmes. Et au moins 20 % d’entre elles ont subi au moins un fait de violence (agression, harcèlement, violence sexuelle et sexiste) au travail dans l’année écoulée, contre 15 % des hommes.

Le rapport souligne d’autres aspects, comme les conséquences pour la santé des femmes de leur double journée de travail : les femmes accomplissent une plus grande part des tâches domestiques, elles bénéficient donc de temps de récupération moindres, alors même que ces temps de récupération sont précieux contre les TMS et les risques psychosociaux. Au travail, l’endométriose, des douleurs chroniques touchant 10 % des femmes en âge de procréer, la ménopause, ne sont pas prises en compte. La grossesse est toujours source de discrimination. Ainsi une femme sur cinq, ouvrière ou occupant un emploi de service, quitte son emploi au cours de celle-ci, perdant un certain nombre de droits.

La santé des femmes s’use au travail, parce que leur fonction, comme celle des hommes travailleurs, est de suer le plus de profit possible pour remplir les caisses du patronat. On peut souhaiter que les recommandations des sénatrices rapporteures voient le jour, mais c’est bien avec l’exploitation capitaliste qu’il faut en finir.

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