Chantier naval de Saint-Nazaire : un débrayage salutaire12/07/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/07/Saint-Nazaire.png.420x236_q85_box-0%2C58%2C800%2C507_crop_detail.png

Dans les entreprises

Chantier naval de Saint-Nazaire : un débrayage salutaire

Vendredi 7 juillet, la totalité d’une équipe de travailleuses et de travailleurs d’ISS, une société de nettoyage qui travaille à bord des navires en construction aux Chantiers de l’Atlantique, a cessé le travail pour se faire respecter.

Illustration - un débrayage salutaire

Le nettoyage des bateaux en construction est un des métiers les plus pénibles qui soient sur le site : dans le fond des bateaux, à quatre pattes dans les salles des machines, sous les parquets, dans les réservoirs, il faut enlever les déchets, la rouille, l’eau croupie ou le mazout, dans le bruit, la chaleur et dans des locaux où tournent souvent déjà les moteurs et équipements divers du paquebot.

C’est ainsi que jeudi 6 juillet, en fin de journée, une travailleuse intérimaire qui enchaîne les contrats depuis des années, a été prise d’un malaise et a donc quitté son poste deux heures avant la débauche pour se rendre à l’hôpital. Le lendemain, elle n’a pas pu rentrer sur le site car son badge avait été désactivé. S’étant rendue au bureau pour demander des explications, elle s’est entendu dire que la direction estimait qu’il fallait qu’elle se repose et que l’accès du site lui avait donc été interdit pour son bien.

Quand le reste de l’équipe a appris cette nouvelle, c’est dans l’unanimité, chefs compris, qu’il a été décidé de se rendre au bureau pour tirer l’affaire au clair. Contact a également été pris avec les délégués CGT du chantier et c’est à une trentaine que tout le monde a débarqué au local de l’entreprise d’intérim et de l’entreprise de nettoyage.

Travailleuses et travailleurs ont ainsi eu l’occasion de vider leur sac : manque de respect, petites phrases insultantes, pressions, précarité et chantage sont leur quotidien. À cette occasion, de nombreux problèmes ont été mis sur la table, notamment celui d’un travailleur d’origine africaine de 74 ans, embauché en CDI depuis plusieurs années, à qui la DRH refuse de fournir un document demandé par la préfecture pour prolonger son titre de séjour.

Les justifications embrouillées et méprisantes de la direction ne tenaient pas la route face aux arguments de ces travailleuses et travailleurs solidaires qui lui ont expliqué par le menu quelles démarches effectuer auprès de la préfecture pour le travailleur ayant un problème administratif, et quels droits a une travailleuse intérimaire qui quitte son poste pour un problème de santé.

Une fois son badge réactivé, la travailleuse interdite de site a passé le tourniquet sous les applaudissements, avant que tout le monde parte casser la croûte ensemble avant de reprendre le travail. Promesse a été faite de garder le contact et de veiller les uns sur les autres que l’on appartienne ou pas à la même entreprise.

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