À la suite d’affrontements à Sfax, entre certains habitants et des migrants d’Afrique subsaharenne, les autorités se sont livrées à une vague d’arrestations parmi ces derniers.

Envoyés par dizaines aux portes du désert, aux frontières libyenne et algérienne, ces émigrés, souvent demandeurs d’asile, sont abandonnés sans eau ni nourriture, sans abri, dans la chaleur extrême. Des témoignages font état de violences, de coups, de la part de la police à laquelle des personnes demandaient de l’aide. Un groupe de 28 déplacés est porté disparu, leurs téléphones étant déchargés ou détruits par les autorités.

Ce déchaînement de violence raciste est la poursuite d’une offensive menée par le pouvoir depuis plusieurs mois. En février dernier, le président Kaïs Saïed avait prétendu que le pays se trouvait face à des « hordes de migrants » associés à un « plan criminel » pour « modifier la composition démographique », déclaration qui avait largement encouragé des groupes d’extrême droite à agresser et à harceler les migrants. Avec un taux de chômage officiel de plus de 15 %, cette politique revient à désigner des boucs émissaires à la population, qui subit toute la violence de la crise économique. Les dirigeants de l’Union européenne, en érigeant des barrières de plus en plus infranchissables à leurs frontières, en traquant les embarcations de migrants en mer, contribuent à cette situation.