Migrants : les routes se ferment, les réfugiés meurent20/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2490.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants : les routes se ferment, les réfugiés meurent

Le gouvernement somalien a annoncé lundi 18 avril qu’une embarcation de fortune, avec près de cinq cents migrants à son bord, avait chaviré en Méditerranée. D’après son communiqué, 200 à 300 personnes, en majorité somaliennes, y auraient perdu la vie.

D’autres sources parlent de 400 victimes. Cette catastrophe, si elle se révèle exacte, survient un an après le naufrage d’un chalutier au large de la Libye, au cours duquel 800 migrants avaient trouvé la mort.

Durant le même week-end des 16 et 17 avril, l’un des bateaux de l’ONG SOS Méditerranée, qui portait secours à des migrants en route vers la Sicile et dont l’embarcation menaçait de chavirer, a trouvé six morts au fond du bateau. Ils s’ajoutent à cette « hécatombe jamais vue en Méditerranée », comme la définit le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Dans son rapport, l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) a estimé à 22 000 le nombre de morts en Méditerranée entre 2000 et 2015.

Ce chiffre n’est pas prêt de diminuer, car depuis la fermeture de la route des Balkans, la rétention des réfugiés sur les îles grecques et la menace de rapatriement de force en Turquie, le nombre de migrants tentant de débarquer en Italie est reparti à la hausse, avec tous les risques de noyade que comporte ce circuit.

À la mi-avril, en quatre jours, 6 000 personnes avaient atteint les côtes italiennes, espérant ensuite gagner le nord de l’Europe en traversant les Alpes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement autrichien, après avoir clôturé sa frontière avec la Slovénie, a commencé des travaux au col du Brenner, sa frontière avec l’Italie, pour renforcer les contrôles susceptibles d’arrêter les migrants.

Cette décision a entraîné des protestations des gouvernements européens, déplorant un acte contraire « à l’esprit et aux termes des accords européens ». Les mêmes ont déjà prouvé qu’ils étaient prêts à s’asseoir sur leurs propres accords si cela leur permettait de refouler le problème des migrants et de laisser à d’autres États – y compris européens – la charge de se débrouiller avec. C’est le cas, entre autres, du gouvernement allemand, qui se permet de faire la leçon au gouvernement autrichien alors qu’il a lui-même rétabli les contrôles à sa frontière avec l’Autriche à l’automne dernier.

La petite particularité du col du Brenner est d’être l’un des plus importants axes du transport routier de marchandises, avec deux millions de poids lourds y circulant chaque année. Les sociétés de transport ont déjà prévenu que les forts ralentissements entraînés par les contrôles allaient entraîner des hausses de coût… Une réalité contrariante pour les affaires, en particulier pour la bourgeoisie allemande, pour qui c’est une route commerciale de première importance vers le sud de l’Europe.

Quant à la situation inhumaine des migrants, devant lesquels les portes de l’Europe se ferment l’une après l’autre et qui sont contraints à des voyages de plus en plus longs et dangereux pour tenter de survivre, ce n’est pas le problème de ces gouvernements.

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