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- Lutte ouvrière n°2490
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SNCF : cheminots et travailleurs de tous secteurs, même combat !
À la SNCF, les directions syndicales CFDT, UNSA et SUD se sont retrouvées unanimes derrière la CGT pour appeler à une journée de grève le 26 avril, deux jours avant la journée interprofessionnelle du 28, annoncée depuis le 9 avril dernier.
Cet appel intersyndical pèsera pour faire un succès de la journée du 26 à la SNCF, même s’il est très loin de répondre à une volonté de mobilisation de la part des directions syndicales cheminotes.
En fait, si pour une fois elles se retrouvent toutes d’accord, c’est parce qu’il s’agit d’une journée que la CGT a décidé d’organiser, depuis plusieurs semaines, en la limitant aux seules revendications cheminotes. Il ne s’agit pas de contribuer à mobiliser dans le cadre du mouvement contre la loi El Khomri, dont la déclinaison à la SNCF se traduit par un projet de décret-socle prévoyant une dégradation importante des conditions de travail, s’inscrivant étroitement dans la même logique que la loi travail. Non, cette journée du 26 avril, alors qu’une journée interprofessionnelle public-privé est annoncée pour le 28, vise à dissocier le cas des cheminots de celui de l’ensemble des travailleurs.
La CGT est le syndicat le plus influent à la SNCF comme dans l’ensemble du pays, celui qui aurait les moyens de redonner confiance à tous les travailleurs dans leur capacité à faire retirer cette loi travail, et du même coup ce décret-socle, au gouvernement, à condition d’être ensemble dans la lutte. Or la CGT cheminots martèle depuis le début du mouvement que les cheminots représentent un cas à part et que l’enjeu reste les seules conditions de travail à la SNCF. Gérard Garrel, secrétaire fédéral de la CGT cheminots écrivait, dès le 18 mars, dans une adresse aux syndicats CGT : « La loi travail semble faire émerger un mouvement social dans lequel les cheminots tiendront leur place, mais uniquement leur place sans perdre le fil des dossiers principaux qui constituent nos revendications : salaires, emploi, conditions de travail. »
Comme s’il ne s’agissait pas là de revendications communes à tous les travailleurs ! Garrel poursuivait : « Quelle que soit l’issue du mouvement social contre la loi El Khomri, n’oublions pas que des échéances nous attendent à la mi-mai, et là il faudra construire une mobilisation de très haut niveau qui pourra prendre des formes supérieures à la grève carrée de 24 heures. ».Mais comment construire une « mobilisation de très haut niveau » si les cheminots s’isolent de l’ensemble des travailleurs ? La lutte contre la loi El Khomri est l’affaire de tous, car si cette loi passe, tous les travailleurs, les cheminots comme les autres, seront victimes de la course à la rentabilité, de la flexibilité généralisée, des contrats de travail dégradés, d’une précarité aggravée. Si les cheminots se retrouvent isolés, ils seront dans la pire des positions pour obtenir le retrait du décret-socle.
La direction de la CGT mène là une politique d’isolement des cheminots, d’émiettement des luttes, en voulant leur faire croire qu’ils seraient plus forts pour se défendre lorsqu’ils se battent seuls, et ménage ainsi le gouvernement. Aucun travailleur conscient ne peut la suivre dans cette voie. Si la journée du mardi 26 avril à la SNCF doit être un succès, elle le sera si les cheminots grévistes ont la volonté de l’intégrer dans un mouvement plus large.