Calais : Hollande décidé à traquer les migrants20/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2490.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : Hollande décidé à traquer les migrants

Jeudi 14 avril à la télévision, Hollande a parlé des réfugiés en des termes que la droite ou l’extrême droite n’auraient pas reniés. À propos de la destruction récente d’une partie du bidonville de Calais par la police, il s’est félicité de ce que le ministre de l’Intérieur ait « nettoyé la jungle de Calais ».

« Nous allons continuer », a-t-il précisé, en évoquant la perspective de sa destruction complète. Comble d’hypocrisie, Hollande a justifié ce démantèlement par la nécessité de s’en prendre au « dénuement le plus total » dans lequel vivaient ces personnes, et de leur permettre de « rester dans des conditions dignes… mais le moins longtemps possible » !

L’opération de police, qui a duré trois semaines, a consisté à chasser violemment de leur campement les 3 500 migrants qui y vivaient, et à démolir systématiquement les abris qu’ils avaient construits avec l’aide des associations afin de rendre leurs conditions moins invivables. C’est pourtant l’État lui-même qui, il y a un an, pourchassant les réfugiés de leurs squats dispersés dans la ville, les avait concentrés dans cette zone périphérique où il tolérait leur présence.

Le bidonville compte aujourd’hui encore 5 000 habitants selon les associations. La plupart de ceux qui habitaient la zone sud qui vient d’être rasée se sont réinstallés dans la zone nord du même bidonville, avec plus de promiscuité et de précarité, ce qui augmente les risques d’incendie et les tensions entre les communautés. D’autres réfugiés sont partis pour des campements sauvages dans des conditions encore pires, aux alentours ou sur la côte bretonne ou belge, et même à Paris. Certains sont parvenus en Grande-Bretagne, puisque les passages continuent, bien que toujours plus difficiles et à faible rythme. D’autres ont finalement intégré le camp de Calais créé par l’État, un camp fermé sous surveillance composé de conteneurs, si inhospitalier qu’il était resté jusque-là à moitié vide. Et il y a enfin ceux qui, renonçant au passage, sont partis à l’autre bout du pays, dans les « centres de répit » prévus par le gouvernement pour qu’ils y « réfléchissent à leur projet migratoire ». Quel cynisme ! En effet, depuis octobre 2015, les agents des « maraudes sociales » organisées par le préfet cherchent à convaincre les réfugiés de quitter Calais contre la promesse d’un hébergement dans ces centres et la possibilité de demander l’asile en France. Mais, malgré quelques réussites, la majorité de ceux qui ont accepté ce chantage se retrouvent dans des communes lointaines, isolés, sans accompagnement sauf l’aide des associations du voisinage. Beaucoup sont aujourd’hui menacés d’être jetés à la rue ou expulsés. Cette impasse les amène à revenir sur Calais.

Les gouvernements anglais et français sont responsables de cette situation tragique pour les réfugiés, responsables aussi de la montée des préjugés antimigrants que leur politique alimente. La seule solution est d’ouvrir les frontières et de reconnaître à tous le droit de circulation.

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